Ce 3 mai, la liberté de la presse est célébrée. Mais pas sûr que ce grand corps malade soit disponible pour les festivités : il est à l’infirmerie. L’ambiance ressemble plus à un passage aux urgences.
La presse sénégalaise continue de courir. Marathonienne résiliente, elle avance sur une piste sablonneuse, sans point d’eau, sans chaussures, souvent sans contrat. Dans de nombreuses rédactions, la précarité est devenue la norme.
Des journalistes jetés en chômage technique comme des stylos vides. Des professionnels aux salaires suspendus, à la merci de certains patrons qui, parfois, peinent eux-mêmes à tenir leur navire à flot… quand ce n’est pas un radeau. Et pourtant, l’ironie est là : pas moins de 200 entreprises de presse ont été enregistrées avec un capital inférieur à 250.000 FCfa. Plus petit que le budget « crédit téléphonique » d’un influenceur ?
Autant dire qu’on crée désormais une structure médiatique comme on lance un groupe WhatsApp. L’aide à la presse, elle, devient pour certains une source de revenus plus fiable que la vente d’informations.
Selon les autorités, 40 % de ces fonds publics n’atteindraient même pas les entreprises de presse. Ils se perdent en chemin.
Heureusement que le journalisme, lui, continue malgré tout. Parfois à cloche-pied. Parfois à genoux. Mais toujours debout.
salla.gueye@lesolelil.sn