Ne vous laissez pas berner par les clichés véhiculés par les médias sur les cités et leurs habitants. Découvrez la véritable signification de ce terme, bien loin de ces stéréotypes.
D’antan une banlieue constituait la zone de proclamation des grandes décisions seigneuriales. Ce mot provient est composé de « ban » et de « lieue ». Dans cet article, grâce à l’histoire étymologique de ce mot, vous ne verrez plus une banlieue comme celle présentée par les médias de masse. Voici donc tout ce que vous devez savoir ci-dessous.
Décryptage du mot « banlieue » : un mélange de « ban » et « lieue » !
L’étymologie du mot « banlieue » trouve ses racines dans le Moyen Âge. Le terme est composé de deux éléments : « ban » et « lieue ».
Ce que vous devez savoir du mot : « ban »
Le mot « ban » vient du vieux francique, une langue germanique parlée au début du Moyen Âge, et désigne à l’origine le pouvoir de juridiction. C’est-à-dire l’autorité exercée par un seigneur ou une figure de pouvoir sur un territoire. Le « ban » représente donc un espace où s’appliquent certaines règles, souvent marquées par la proclamation de décrets, d’interdictions ou d’obligations, comme le service militaire ou le paiement de taxes.
La « lieue » est une expression typiquement gauloise !
Quant à « lieue », il s’agit d’une unité de mesure de distance, utilisée à l’époque médiévale par les habitants de la gaule, équivalente à environ quatre kilomètres. Primo, il faut rappeler que ce mot dérive du latin « leuca ». Et comme susmentionné, il vient du Gaulois qui veut dire distance. C’est pourquoi au Moyen-Âge, « banlieue » désignait « la distance d’une lieue où les habitants vivent sous la même autorité ». Étant donné que ce territoire constituait une zone névralgique, elle était soumise à des « décrets de séjour ». C’était donc le cœur de la ville, de la bourgade ou même du pays.
La périphérisation des banlieues à partir du XVIIe siècle avec l’avènement des « faubourgs » et l’annexion de ceux-ci à la ville !
À partir du XVIIe siècle, on assiste à une transformation progressive des banlieues avec l’avènement des « faubourgs ». Ces faubourgs proviennent de l’ancien français « forsborc » .
A noter que « fors » signifiait « hors de » et « borc » voulait dire « bourg » ou encore « bourgade ». C’était donc des zones situées « hors de la ville ». Ces dernières apparaissent d’abord comme des extensions de la ville principale, souvent en dehors des remparts ou des enceintes de protection. Contrairement à la banlieue médiévale, les faubourgs sont des espaces plus denses et construits, avec des habitations, des commerces et des activités artisanales qui se développent rapidement. Ces entités servaient à la fois à absorber l’accroissement de la population et à accueillir les travailleurs des industries naissantes. Toutefois, bien que les faubourgs soient proches de la ville, ils restent dans un premier temps juridiquement distincts, régis par des lois et des taxes spécifiques.
Les « faubourgs » d’autrefois deviennent finalement les « banlieues » d’aujourd’hui !
C’est avec le processus d’annexion des faubourgs que ces territoires commencent à être intégrés pleinement à la ville. Une annexion qui permet à la ville d’élargir ses frontières dans un premier temps et d’agrandir son territoire administratif afin de mieux gérer les populations en croissance. C’est le cas par exemple de Paris qui annexe plusieurs faubourgs au fil des siècles. Et particulièrement sous Louis XIV. Puis de manière plus systématique au XIXe siècle sous Napoléon III, avec le préfet Haussmann. Cette expansion modifie profondément la structure urbaine. Elle crée d’ailleurs une distinction de plus en plus nette entre les zones centrales, dynamiques et symboles de pouvoir, et les nouvelles périphéries. Ces dernières, qui abritent de plus en plus de populations modestes et ouvrières, sont progressivement perçues comme des espaces à la fois indispensables pour le développement économique. Toutefois, ils sont aussi marginalisés socialement. Cette « périphérisation » pose les bases de la dynamique contemporaine des banlieues, à la fois annexées à la ville mais souvent délaissées en termes d’infrastructures et d’investissements publics.
C’est quoi la signification de banlieue aujourd’hui ?
Aujourd’hui, le terme « banlieue » désigne principalement les zones périphériques qui entourent les grandes villes. Ces dernières sont souvent marquées par une séparation spatiale, sociale et économique par rapport aux centres urbains. Autrefois considérées comme le centre, le cœur de la ville, elles ne sont aujourd’hui que des périphéries souvent oubliées de l’État. En France, le mot a pris une connotation particulière avec les médias de masse qui la présentent comme un environnement malsain. Renvoyant souvent à des quartiers populaires, parfois défavorisés, et associés à des défis socio-économiques tels que le chômage, la précarité et les tensions sociales. Toutefois, toutes les banlieues ne sont pas homogènes. Et c’est important de le souligner. Elles peuvent aussi inclure des zones résidentielles prospères et pavillonnaires dans certaines villes de France. Ainsi, la « banlieue » aujourd’hui est un terme qui reflète autant la diversité des espaces urbains que les inégalités qui les traversent. Tout en restant étroitement liée à la dynamique des grandes métropoles.
Koffi Serge N’Guessan (çam’interesse.fr)