RBS Crew est désormais incontournable dans le monde du graffiti au Sénégal, et dans le monde. Mais l’art du lettrage est encore mal vu par certaines parties de la population. Pour Mad Zoo TRK, membre fondateur du collectif, l’essentiel est de montrer aux amoureux de l’art qu’il faut que la chose soit sincère en eux et qu’ils soient conscients du véritable pouvoir qu’ils ont entre les mains.
« Quand on parle d’art, on parle forcément de communication visuelle. On parle forcément de propagande, qu’on le veuille ou non. On parle forcément du façonnement de la conscience collective. On parle de tout ce qui est dans la diffusion de savoir, mais aussi dans le souci de transformer le savoir. Donc, toutes ces choses réunies, c’est pour dire à ces personnes-là que ce sont des personnes extrêmement réfléchies qui font cet art. Nous aussi, c’était notre grand combat à nos débuts. On ne voulait pas que ce qu’on fait retrouve ce truc de… ‘‘Ces artistes n’ont plus rien à faire dans la vie, donc ils vont se réfugier dans l’art’’. Moi qui vous parle, j’ai été en département de philosophie à l’Université Cheikh Anta Diop. On a des doctorats en pharmacie dans le collectif, des bacheliers en S, T, des scientifiques… ». Selon cet artiste, il y a une philosophie, une vision derrière. C’est un travail comme tous les autres et nourri par une idéologie de reprendre en charge ce qui est notre héritage historique, culturel.
Pour Moussa Diop, infographe et membre du collectif depuis 2024, il est lui aussi convaincu que le graffiti a de beaux jours devant lui au Sénégal. Seulement, il faut que les gens s’approprient cet art. « Le graffiti est pour moi l’expression de l’artiste accompli. Ce que l’on appelle art dans le monde pour moi, le graffiti en est l’essence. C’est la forme d’art la plus complète. L’art n’est pas quelque chose qu’on coince entre quatre murs et le graffiti est la forme d’expression la plus libre. On a un support dans la rue pour s’exprimer, lancer un message, puis on part. Ensuite, les gens viennent voir le message et en tirent des enseignements », assure-t-il.
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Pour poursuivre, Moussa a un message pour ceux qui ne connaissent pas encore l’art du graffiti. « Ce que je dirais aux gens, c’est qu’ici au Sénégal, on est fans de la vulgarisation de la culture africaine, de la culture sénégalaise et de la culture noire en général. On permet aux gens, à travers les messages, de connaître leur passé, leur présent et leur avenir, soit avec des messages tirés de Cheikh Anta Diop, en peignant des figures historiques. Je me dis que les populations peuvent en tirer des enseignements. Parfois, les gens voient une œuvre et nous demandent qui est représenté. On leur dit que c’est soit Valdiodio Ndiaye, Kouamé Nkrumah… cela permet aux gens d’apprendre. Le graffiti est une forme d’art que les gens ne comprennent pas encore. Peut-être qu’ils se disent que c’est assez confus car on a différents types de lettrages qui ne sont pas toujours perçus par la plupart des gens. Donc, il faut faire des recherches pour comprendre ce que c’est », plaide-t-il.
Oumar Boubacar NDONGO