Le ministère de la Communication, des Télécommunications et du Numérique a présenté, hier, son rapport sur la réforme des médias. Des annonces faites, des irrégularités débusquées, des opacités dévoilées, une direction indiquée. Pas d’endiguement, pas d’étouffement, selon l’autorité ministérielle. Le seul objectif: relèvement de la qualité.
« Nous avons quasiment 400 fréquences radio qui sont dans la nature, au point où le Sénégal est arrivé à la saturation de fréquences radio, c’est-à-dire qu’il n’y a plus de fréquence radio FM disponible, malgré le fait qu’il y a une recommandation internationale qui demande de basculer vers des fréquences numériques. Cela veut tout simplement dire qu’il a plusieurs centaines de fréquences qui sont dans la nature, que nous avons identifiées et que l’État souverain va devoir reprendre ».
Des constats du genre ont traversé la prise de parole du Directeur de la communication au sein du ministère de la Communication, des Télécommunications et du Numérique. Habibou Dia partageait, hier, les résultats du rapport sur la restructuration des médias. Des constats, résultant d’un diagnostic et d’une cartographie que les nouvelles autorités ont initiés, et qui s’inscrivent dans la logique d’assainissement du secteur des médias, prônée par ses acteurs eux-mêmes. A leur arrivée, rappelle M. Dia, il existait déjà un avant-projet sur la Haute autorité de régulation de la communication et de l’audiovisuel (Harca). Seulement, comme son nom l’indique, son champ d’action aurait été limité. Ainsi, « la future autorité de régulation aura une compétence sur toute question liée à l’information et à la communication sur toute forme de plateforme. Donc ça lui donne une compétence élargie », a-t-il soutenu. Et d’ajouter : «on va vers une Autorité de régulation des Médias et de la Publicité. Des médias traditionnels au réseaux, des journalistes aux influenceurs, la régulation ratissera plus large. Si on voulait appliquer la loi aveuglément…» Conformité a été l’un des mots-clé de la présentation de M. Dia. Sur les 639 médias déclarés, seuls 258 respectent les dispositions du Code de la presse, tandis que 380 ne sont pas en conformité. Et les 258 n’ont pas encore fini de passer par des filtres. Ce, parce que « les processus ne se limitent pas uniquement à la conformité aux dispositions obligatoires du code de la presse. Il y a ensuite une phase additionnelle : c’est le décret fixant les obligations pour que ces entreprises puissent bénéficier des avantages. Et dans ce décret-là, il est clairement mentionné que les vérifications additionnelles portent sur les cotisations sociales », a indiqué M. Dia. Entre autres, couverture maladie, cotisation pour la retraite des employés, conformité avec les dispositions fiscales…
Aucune volonté d’étouffer
« Dans les dispositions sur les médias en ligne, en plus du Rédacteur en chef et du Directeur de publication, les sites doivent publier des contenus originaux qui leur appartiennent et non faire du copier-coller. Mais aussi, et surtout, au Sénégal, selon le dernier alinéa de l’article 172 qui institue les éléments obligatoires du site web, ce dernier doit être logé chez un hébergeur au Sénégal », a affirmé M. Dia, qui révèle qu’aucun ne l’est. «Ça veut dire que si on voulait appliquer la loi aveuglément, aucune site web ne serait conforme ». Ainsi, le Directeur de la communication a souligné que l’objectif du travail de restructuration n’est pas d’« endiguer », encore moins d’«étouffer» les entreprises.
Pour preuve : « parallèlement à ce travail-là, on avait mis sur la sellette l’Agence pour le développement des petites et moyennes entreprises (Adepme) qui a mobilisé une enveloppe de 400 millions de FCfa pour accompagner, dans une phase pilote, 12 entreprises pour la restructuration financière qui les concerne. La signature de leurs conventions se fera demain (aujourd’hui, Ndlr) et la plus petite enveloppe décernée au plus petit groupe sera de 32 millions de FCfa». Dans cette veine, on entendra Habibou Dia de dire : «l’idée pour nous, c’est qu’aujourd’hui, si on veut relever la qualité de la production, il faut que l’État puisse accompagner ceux qui sont dans le secteur de l’audiovisuel à avoir et les ressources et les équipes et le matériel mais également le coût de déploiement ».
Par Moussa Seck