Rokhaya Mbaye est une passionnée de la destination Sénégal. Cette passion, elle la vit au quotidien. A travers ses pages Facebook « Let’s go sortir au Sénégal » (300.000 abonnés) et « Sortir au Sénégal » (21.000 abonnés), elle montre ce que le pays de la Teranga a, à offrir de mieux grâce à des initiatives telles que « Le Festival du dibi » ou encore « Le Pique-nique en couleurs ».
Les Sénégalais n’ont plus besoin de bouger pour voir des endroits paradisiaques. Il suffit d’un clic pour redécouvrir le pays à travers « Let’s go sortir au Sénégal » et « Sortir au Sénégal ». Dans un secteur touristique souvent tourné vers l’international, Rokhaya Mbaye a créé ces deux pages pour valoriser la « Destination Sénégal ». Cette promotrice sénégalaise mise résolument sur le potentiel du tourisme local. Son credo : valoriser les richesses culturelles, naturelles et humaines du territoire, en plaçant les communautés au cœur de la démarche.
C’est en 2020, en pleine crise sanitaire, que ce projet prend son envol. Dans un contexte où les Sénégalais sont contraints au confinement, Rokhaya Mbaye, elle, essaie de les faire voyager autrement sans besoin de passeport encore moins de visa. La jeune femme au teint d’ébène et au sourire contagieux commence par faire connaitre des restaurants et des hôtels.
« J’ai profité de cette occasion pour reconnecter les Sénégalais à leur pays et leur faire découvrir certains endroits à travers toujours l’expérience client. C’est comme ça que j’ai mis en place ‘’Let’s go Sortir au Sénégal’’ », confie Rokhaya Mbaye, sourire béat sur les lèvres.
Les Sénégalais s’installent sur ces plateformes d’échanges doucement et sûrement, tout en partageant leurs expériences. Cette page, Rokhaya la veut « 100% local ». La promotrice du tourisme local estime que les Sénégalais n’ont pas besoin de poser leurs valises à l’international. Cette dernière affirme qu’ils peuvent aussi bien profiter des merveilles du Sénégal et, par-là, contribuer à l’économie du pays. Elle les pousse ainsi, à devenir des touristes chez eux. « C’est ce qu’on appelle aujourd’hui le tourisme domestique, le tourisme local ou encore le tourisme interne », informe-t-elle.
Faire consommer local
Viande grillée, jeux interactifs, rencontres. Voici les trois ingrédients secrets de la réussite du fameux « Festival de dibi », initié en juin 2021. Cet évènement où toutes les viandes se marinent dans une parfaite symbiose est concocté par Rokhaya Mbaye dans le but de réunir les gens autour de la table du partage, de la convivialité et de la promotion de la cohésion sociale. C’est un événement touristique et récréatif unique où la gastronomie sénégalaise est mise en évidence.
Dans un pays où l’hospitalité se définit également par le regroupement autour d’un repas avec une ambiance conviviale, le « Festival du dibi » entre en phase avec cette philosophie. « Il accueille des milliers de personnes. La troisième édition a accueilli presque 5 000 membres. Le but est d’en faire une grande activité qui dépasse nos frontières », révèle-t-elle fièrement.
Rokhaya Mbaye et son équipe ne s’arrêtent pas seulement à cette entrée. Ils ont également préparé une autre activité haute en couleurs, initiée depuis 2024. « Le ‘’Pique-nique en couleurs’’ vise à promouvoir le tourisme local à travers un événement convivial où des équipes en couleurs participent à diverses activités en plein air. L’idée est de créer un événement festif tout en mettant en lumière les richesses touristiques insoupçonnées de régions comme Matam et Kolda », a déclaré l’administratrice de la page « Let’s go sortir au Sénégal ».
Et pour donner plus d’appétit aux abonnés, en plein mois de ramadan et de carême, la promotrice de la destination Sénégal a organisé le « Ndogou des binômes ». Dans le même esprit d’union, l’événement vise à promouvoir le dialogue islamo-chrétien si cher au pays de la Téranga. « Le ndogou des binômes était symbole de solidarité, de partage, de cohésion sociale et surtout de bienveillance », a fait savoir la jeune femme.
La communauté « Let’s go sortir au Sénégal » ne s’arrête pas seulement à ces activités. Elle organise des afterwork et a tenu en début mai une excursion à Saint-Louis pour faire (re)découvrir cette région riche en histoire et en culture. Une fierté pour celle qui veut vendre le tourisme local.
Le Maroc en vade-mecum
« Le Maroc est une école de tourisme en Afrique. Ils ont une offre touristique très variée », a souligné Rokhaya Mbaye. La jeune femme est tombée sous le charme du royaume chérifien lors de ses études. Après deux ans à la Faculté des Sciences juridiques et politiques de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, elle s’envole pour le Maroc pour y poursuivre ses études. Rokhaya Mbaye allie ainsi études et boulot. L’experte junior en expérience cliente en ressort avec une licence en gestion des ressources humaines, et huit ans dans le métier de centre d’appel. Si sa vie professionnelle est couronnée de succès, sa vie sociale demeurait au point mort.
« Je ne sortais pas du tout. Des amies m’incitaient tout le temps à le faire. Elles m’ont montré une publication sur Facebook où on me proposait un restaurant. J’ai trouvé que c’était l’occasion de faire pareil au Sénégal en faisant la promotion du tourisme local. Car, je savais qu’un peu comme le Maroc, nous avons des endroits magnifiques que les Sénégalais ne connaissent pas. C’est ainsi qu’est née la page ‘’Lets’go sortir au Sénégal’’ à mon retour au pays », confie-t-elle fièrement.
Cette volonté de promouvoir le tourisme local n’est pas sans défis, d’après la jeune femme. « Je pense qu’on devrait plus travailler sur une offre touristique variée. Nous devons également miser sur la communication digitale avec des offres diversifiées », estime-t-elle. Rokhaya Mbaye milite pour que l’offre touristique soit plus accessible pour les Sénégalais. La promotrice du tourisme appelle aussi les autorités à accompagner ces initiatives destinées à promouvoir la destination Sénégal.
« Pour l’instant, nous n’avons pas encore bénéficié d’un accompagnement officiel de la part du ministère du Tourisme, de l’Aspt ni de sponsors de grandes envergures», regrette-t-elle, tout en exprimant son espoir de voir ces initiatives locales soutenues davantage.
Arame NDIAYE