Figure emblématique du cinéma sénégalais, Rokhaya Niang a marqué plusieurs générations par son talent. De « Madame Brouette » à « Le Prix du Pardon », elle incarne une carrière exemplaire. Égérie du Cinefemfest 2025 (Festival africain du film et de la recherche féministe (Cinefemfest), l’actrice revient sur un parcours jalonné de succès et d’émotions.
L’actrice Rokhaya Niang respire le cinéma. Elle fait partie de ces artistes dont la lumière traverse le temps. Née à Dakar en 1978, dans le quartier de Front-de-Terre, elle a su, par son talent, inscrire son nom parmi les grandes figures du cinéma sénégalais et africain. Cette année, le Festival africain du film et de la recherche féministe (Cinefemfest) lui a rendu hommage en faisant d’elle l’égérie d’une édition dédiée aux femmes du cinéma. C’est en 2001 que le public découvre toute la profondeur de son jeu dans « Le Prix du Pardon » du réalisateur Mansour Sora Wade, où elle incarne le rôle de Maxoye, une femme déchirée entre l’amour et la culpabilité, qui accepte d’épouser Yatma, le meilleur ami de son amour de jeunesse Mbagnick, afin qu’il élève l’enfant de sa victime. Rokhaya Niang se souvient de ses débuts dans « Le Prix du Pardon », aux côtés de grands noms comme le défunt Thierno Ndiaye Dos, James Campbell ou encore Hubert Koundé.
« C’était mon premier film, un moment fort de ma vie. J’ai eu la chance de travailler avec de très grands acteurs, alors que je venais tout juste d’arriver dans cet univers. Deux semaines avant, je ne savais même pas ce que c’était un scénario. Les techniciens, les acteurs, tout le monde était gentil avec moi et m’appelait Maxoye », se souvient-elle. Teint d’ébène, taille moyenne, accent naturel, Rokhaya Niang irradie à l’écran et poursuit son bonhomme de chemin. Deux ans plus tard, elle illumine de nouveaux les écrans dans « Madame Brouette » de Moussa Sène Absa. Ce rôle marquant confirme son talent et impose sa présence parmi les grandes actrices du continent.
Le film, primé à Berlin et acclamé par la critique, demeure une œuvre phare du cinéma africain contemporain. Elle enchaîne ensuite avec « Téranga Blues » (2007), renforçant son statut d’icône du grand écran. Depuis, Rokhaya Niang compte à son actif une vingtaine de films et une trentaine de prix remportés dans des festivals internationaux. Chevalier de l’Ordre national du Lion, membre du conseil d’administration de la Société sénégalaise du droit d’auteur et des droits voisins (Sodav), vice-présidente du Festival Film Femme Afrique et co-présidente de Dakar Séries, elle est bien plus qu’une actrice. Aujourd’hui, celle qui a tourné au Sénégal, au Burkina Faso, au Maroc ou encore au Bénin, se réjouit de voir émerger une nouvelle génération d’artistes. « Je tourne avec les jeunes, et ça fait toujours plaisir. Les femmes jouent un rôle énorme dans le cinéma, la littérature, la photo… Ce genre d’initiative comme le Cinefemfest, c’est super important pour elles », lance-t-elle. Malgré sa carrière, Rokhaya reste simple. « Je suis quelqu’un de discret. Même si je suis connue, je ne me prends pas pour quelqu’un d’autre.
Les gens qui me connaissent savent qui je suis vraiment », dit-elle en lançant un sourire. Dernièrement, son interprétation magistrale dans « Xalé » (2022) lui a valu une consécration aux African movie academy awards (Amaa) en 2023, confirmant son statut d’actrice d’exception.
Marième Fatou DRAMÉ


