Le Musée de la photographie de Saint-Louis accueille, du 23 mai à fin septembre prochain, une exposition intitulée « Gardiens de la mémoire : les photographes de Saint-Louis de 1940 à aujourd’hui ». Les œuvres de 11 photographes, qui ont marqué la ville tricentenaire, ornent les murs du musée.
SAINT-LOUIS – Acteurs culturels, photographes, familles, amis et autres visiteurs admirent actuellement les magnifiques collections de photos accrochées aux murs colorés du Musée de la photographie de Saint-Louis du Sénégal. L’exposition, ouverte du 23 mai à fin septembre, est constituée de photos en noir et blanc ou en couleurs, qui relatent des histoires et des époques. Ces clichés immortalisent un visage, une figure, un moment… des images de la vie quotidienne de la belle ville de Ndar.
À l’initiative du Centre de recherche et de documentation du Sénégal (Crds), en collaboration avec l’Agence espagnole de coopération internationale au développement (Aecid), cette exposition présente une série de photographies d’archives récupérées lors d’une formation intitulée « Documenter les photographies pour préserver la mémoire », qui s’est tenue au Crds en 2024. « L’exposition « Gardiens de la mémoire » exhume les archives de quelques photographes illustres et méconnus de Saint-Louis, considérée comme le berceau de la photographie africaine. Elle propose un parcours chronologique à travers une sélection d’œuvres de grands portraitistes, reporters et photographes amateurs du XXe siècle », indique la note de présentation.
Des photos inédites, récupérées dans des albums et autres boîtes sans aucune autre méthode de conservation, sont exposées. « L’exposition illustre la diversité des perspectives photographiques existant à Saint-Louis et révèle la richesse des approches adoptées par les artistes locaux », poursuit le même document.
Ces photographies, principalement des portraits, racontent chacune une histoire qui s’est déroulée dans cette ville, ancienne capitale de l’Afrique occidentale française (Aof). « Le thème général des onze photographes, c’est le portrait. Ces portraits retracent l’histoire de Saint-Louis à travers des cérémonies de mariage, de circoncision, de fêtes, mais aussi des scènes de vie simples, telles que celle des militaires dans les casernes. C’est donc le portrait dans sa globalité et, à travers lui, l’histoire de la ville de Saint-Louis », explique le professeur Abdoul Sow, directeur du Crds.
Une façon pour lui de sortir ces artistes talentueux de l’anonymat. « Parmi ces 11 photographes, certains sont très connus, d’autres moins, mais tous sont reconnus dans le milieu de la photographie à Saint-Louis. Cette exposition vise à les faire connaître et à leur permettre de vivre de leur art demain », a-t-il ajouté. L’exposition est également l’occasion d’améliorer la conservation des clichés grâce à la numérisation. « Ces photographes possèdent beaucoup de clichés et de documents historiques, malheureusement très mal conservés. Il fallait les aider à numériser et sauvegarder ces documents. Le Crds les accompagne tant sur le plan technique que financier, afin de recueillir ces clichés au lieu de les laisser dans des conditions proches de l’abandon et de l’oubli », a avancé M. Sow.
Conserver son histoire
Pour la commissaire de l’exposition, cette initiative permet de mieux valoriser la photographie et de préserver son histoire. « Nous avons essayé de récupérer ces photographies, de les restaurer et de les numériser pour pouvoir les montrer. L’objectif est de permettre à tous de découvrir le travail de ces photographes et de mieux connaître l’histoire de la photographie. Nous avons travaillé sur le genre du portrait, car c’est celui qui définit le mieux la photographie africaine. C’est un genre que les photographes africains se sont approprié pour explorer leur propre regard et leur manière de raconter l’histoire de leur pays, de sa société et de sa culture », a expliqué Martha Moreira.
Parmi les photos exposées figurent celles d’Adama Sylla, de feu Doro Sy, de feu Souleymane Sarr, de Mbaye Niang, ou encore d’Abdoul Aziz Bathily, photographe et ancien formateur au Centre d’études des sciences et technologies de l’information (Cesti).
Ce dernier salue une initiative venue à point nommé, qui permettra aux photographes de Saint-Louis de sortir de l’ombre, mais aussi de renforcer leurs compétences techniques en numérisation et en méthodes de conservation, afin de préserver ce patrimoine photographique.
La cérémonie de vernissage s’est tenue en présence d’Amadou Diaw, directeur du Musée de la Photographie de Saint-Louis, et de la première conseillère de l’ambassade d’Espagne au Sénégal, Esther Martin. L’exposition sera déplacée au Crds à partir du moins d’octobre prochain.
Jeanne SAGNA (Correspondante)