Les médias occupent une place essentielle dans la coopération entre la Chine et l’Afrique. Pour un récit raconté par l’Afrique et la Chine, le groupe Startimes et le magazine Chine-Afrique se déploient sur le continent.
BEIJING – C’est à la périphérie de Beijing (Pékin), dans la zone économique spéciale précisément, que se trouve l’imposant siège du groupe chinois de production audiovisuelle Startimes. Il s’agit de trois immeubles aux façades vitrées, interconnectés par des passerelles. Ces immeubles ceinturent la grande cour des lieux.
Les médias, par les récits racontés sur l’histoire des peuples, constituent des outils importants de promotion de la coopération entre les pays. La Chine l’a bien compris. En partenariat avec l’Afrique, l’Empire du Milieu souhaite que les Africains et les Chinois racontent leurs propres histoires, réussites et défis.
Auparavant, les histoires de ces deux peuples étaient contées par des médias qui ne se trouvaient même pas sur les continents concernés. Ainsi, Startimes et le magazine Chine-Afrique jouent un rôle essentiel dans cette stratégie. Startimes, en tant que bras médiatique majeur de la Chine en Afrique, dispose d’un siège reflétant son ambition.
Ce lundi 21 juillet 2025, sous une forte chaleur d’après-midi d’été à Pékin, la directrice adjointe de Startimes, Guo Ziqi, reçoit avec enthousiasme la délégation de journalistes et responsables des médias sénégalais en séjour en Chine dans le cadre d’un programme de formation organisé par l’Institut des études internationales et de la formation avancée du Groupe de communication internationale de Chine (Cicg). En faisant visiter les locaux du groupe, du centre de contrôle des diffusions aux studios de montage, elle nous révèle que Startimes, qui est une structure de production audiovisuelle (informations, films, documentaires, dessins animés, etc.), est présent dans 30 pays africains. Le principal centre de contrôle est à Beijing, mais quatre autres se trouvent en Afrique, selon la directrice adjointe. Startimes dispose également de plus de 800 plateformes de diffusion pour des chaînes et programmes africains.
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10.000 villages africains à couvrir
Le Rwanda est le premier pays à avoir accueilli Startimes, avant que le groupe ne se déploie dans 30 autres pays africains, dont le Sénégal. Un programme d’accès à la diffusion dans 10.000 villages a été mis en place par les autorités chinoises en collaboration avec les dirigeants africains. Concernant le Sénégal, la première phase a concerné 300 villages et la deuxième 300 autres, soit un total de 600 villages sénégalais à couvrir par Startimes.
Au-delà de la diffusion audiovisuelle, le groupe accompagne également les villages africains dans l’installation de l’énergie solaire, informe sa directrice adjointe. Les chaînes de Startimes diffusent en langues locales africaines. À notre passage, nous avons trouvé des animateurs africains en pleine émission en langue swahilie. Le yoruba, entre autres langues africaines, est aussi diffusé par le groupe qui recrute localement sur le continent africain.
Dans le deuxième bâtiment se trouve un studio dédié à l’actualité sportive, avec une grande affiche de Sadio Mané en bonne place. Au palier supérieur, un centre de tournage rassemble une grande rédaction où les agents travaillent en « open space ». C’est à ce niveau que sont réalisés les doublages et les traductions pour le traitement de l’information, mais aussi la diffusion de films, de dessins animés, entre autres.
Quand l’IA remplace les traducteurs voix
La directrice adjointe de Startimes, Guo Ziqi, nous apprend que le groupe organise des compétitions de doublage des langues locales en Afrique afin de recruter les meilleurs agents. Il y a sur place une trentaine de studios de doublage dans une dizaine de langues. Près de 200 agents y travaillaient pour le doublage, la traduction et le mixage des films. Cependant, la directrice adjointe indique que plusieurs agents ont dû quitter les bureaux, certains ayant été remplacés par l’intelligence artificielle pour la traduction et le doublage des voix. Toutefois, certains téléspectateurs préfèrent toujours les voix humaines à celles générées par l’intelligence artificielle.
De nos envoyés spéciaux en Chine : Malick CISS et Oumar KANDE