Véritable marqueur social, le tatouage représente des croyances, des valeurs, un héritage. Longtemps utilisé comme un moyen pour exprimer son identité culturelle, il fait aujourd’hui face, avec l’évolution des normes sociales et les influences religieuses, aux défis de la modernité. Le temps de l’engouement semble appartenir au passé dans le Ferlo. Si certaines femmes perpétuent cet art traditionnel, d’autres choisissent des formes d’embellissement, telles que le maquillage ou le tatouage au henné. Nombre d’entre elles semblent sceptiques et préfèrent ne pas franchir le pas. « Dans le passé, nous recevions des cohortes de jeunes filles qui voulaient se tatouer. Actuellement, nous pouvons rester une semaine sans voir personne », constate-t-elle, amèrement. Une tendance baissière qui s’explique par plusieurs facteurs. Faty I. Sow pointe du doigt la modernité avec l’avènement du maquillage dit « 24 heures ». Dahirou Pène, notable à Ranérou, président de l’Antenne de la Chambre des métiers de Ranérou, souligne que l’islamisation y a joué un grand rôle. À l’en croire, beaucoup de pères de famille s’opposent à ce que leurs filles fassent cette pratique. « Je ne pourrais pas tolérer qu’une praticienne tatoue ma fille sans mon autorisation », avise-t-il. Pathé Demba Ba estime que cette pratique relevait juste de « l’ignorance » et de la « passion ». « De jeunes filles, insouciantes, résumaient la beauté à cet art », déplore le président de la maison des éleveurs de Ranérou. « Cette pratique ne sert à rien, car l’esthétique, c’est dans le mental, dans le comportement. D’ailleurs, certaines femmes le faisaient à l’insu de leurs parents. Aujourd’hui, certaines parmi elles le regrettent », poursuit M. Ba qui ne tolérait jamais que ses filles ou ses proches fassent recours à cette tradition «pour être belles».
Par Samba Oumar FALL, Souleymane Diam SY (textes)