Continuer la recherche profonde où la peinture dialogue avec la spiritualité et la mémoire africaine ; c’est ce que vise l’exposition d’art dénommée « Quand l’esprit devient corps » de l’artiste ivoirien Jacobleu. Il est prévu, dans ce sens, un vernissage du 28 novembre au 14 décembre à Dakar.
Après avoir célébré trois décennies d’une création foisonnante à Abidjan, Jacobleu prolonge aujourd’hui son parcours artistique à L’Espace Vema, à l’occasion de la première édition d’Ecofest. Son exposition, « Quand l’esprit devient corps », s’inscrit, selon un communiqué qui nous est transmis, dans la continuité d’une recherche profonde où la peinture dialogue avec la spiritualité et la mémoire africaine.
Artiste pluridisciplinaire et opérateur culturel, Jacobleu articule généralement ses œuvres autour de l’engagement social et la culture.
« Chez lui, l’acte de créer n’est pas simple expression, mais véritable célébration du vivant. Chez Jacobleu, peindre relève d’un rituel intérieur. Le geste s’imprègne d’invisible, les formes appellent les ancêtres, les couleurs convoquent les énergies cosmiques pour leur offrir souffle et matière », renseigne le texte.
Une conversation silencieuse entre l’esprit et la matière
En réalité, ses toiles ne se contentent pas de représenter : elles incarnent. Chaque trait devient vibration, chaque teinte un souffle, chaque symbole un passage entre deux mondes, celui du visible et celui du caché.
« C’est une conversation silencieuse entre l’esprit et la matière, entre le mouvement et la mémoire, entre la présence et l’absence. Dans cet univers, le masque occupe une place essentielle. Il dépasse la simple valeur esthétique pour redevenir ce qu’il fut dans les sociétés africaines : un lien vivant entre les mondes, un instrument de cohésion et d’équilibre », lit-on dans le communiqué.
Autrefois, il portait la voix des ancêtres, protégeait les vivants, enseignait aux jeunes et réunissait la communauté dans un même souffle sacré. Il incarnait ce moment d’unité où le visible et l’invisible se rejoignaient, où le collectif retrouvait sa propre âme.
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Mais le monde contemporain, poursuit la note, façonné par la vitesse et la technologie, a transformé ses perceptions. Dans cette ère d’écrans et d’images, le masque change de rôle : il devient métaphore, symbole de métamorphose et reflet des identités africaines fragmentées.
Ainsi, dans ses toiles, les esprits ne sommeillent jamais. Ils prennent chair, respirent, se colorent et circulent comme une énergie qui unit la terre et le cosmos. Chaque œuvre devient un passage, une respiration entre la matière et la lumière, une tentative de réconcilier l’humain avec le monde.
Mariama DIEME


