Valoriser, protéger et promouvoir la culture du Pays bassari. C’est sur ce triptyque qu’est érigé le village communautaire de Bandafassi. Ce dernier est installé dans la zone classée patrimoine historique par l’Organisation des Nations-Unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) depuis 2012. Une mission qui semble impossible à réaliser du fait de « l’état de délabrement très avancé de l’infrastructure, inaugurée en 2014 », constate, amer, son gestionnaire Alexis Waly Diouf.
Composé d’un bloc administratif, d’un espace bar-restaurant, d’un centre d’interprétation, d’un espace touristique, le village abritait également une salle polyvalente accueillant des expositions, une foire. L’administration s’est repliée sur un petit emplacement à côté de la radio communautaire après l’incendie qui a ravagé le Bloc administratif en mars 2019. Les stigmates de brûlures noirâtres ornent encore les murs.
Ce centre d’interprétation des cultures minoritaires s’est révélé très vulnérable aux pluies et rafales de vent du dernier hivernage. Une toiture envolée, des pans de mur tombés, une dalle ouverte… donnent un coup de vieux au Village communautaire.
Ainsi, au-delà de la réfection du bloc administratif et de l’espace restaurant, promise pour cette année, les travaux du Village communautaire du Pays bassari posent le sérieux de certains entrepreneurs choisis pour des travaux publics avec les fissures qui traversent tous les bâtiments. Des travaux visiblement mal faits et inachevés alors que tous les montants financiers ont été décaissés.
Le manque de moyens tout comme la dégradation des lieux rendent la mission de l’équipe administrative sacerdotale. Alexis Waly Diouf et ses collaborateurs essaient de continuer le travail. « Nous avions initié des classes de patrimoine en faisant venir les élèves de la zone tous les mercredis pour mieux les imprégner des cultures. La Covid-19 nous a arrêté dans cet élan, mais n’empêche, nous avons une association des minorités ethniques et un Festival des minorités dans le cadre de la vulgarisation et de la promotion de la culture », explique M. Diouf.
Heureux encore de compter avec l’Aire du patrimoine autochtone communautaire (Apac) dont « l’objectif est de responsabiliser les communautés qui devraient décider de ce qu’il faut faire en leur sein ». Le manque de moyens amène le Village à envisager sa survie sous forme de partenariat. Celui établi avec Fund Sem, une organisation non-gouvernementale basée à Dakar, a permis au Village d’équiper les Groupements d’intérêt économique (Gie) établis aux alentours en solaire, congélateurs, pompes solaires… L’alternative serait, selon Alexis Waly Diouf, de « s’inspirer de l’exemple marocain et d’aller vers une Fondation » qui permettrait une levée de fonds. Le budget initial de 20 millions de FCfa, octroyé par le ministère de la Culture, a fondu comme beurre au soleil au fil des ans jusqu’à 10 millions de FCfa en 2024. Des moyens plus conséquents devraient permettre au Village communautaire de pouvoir envisager un plan de travail annuel plus cohérent et plus ambitieux. Les nombreuses occasions de perpétuation des cultures du Pays bassari sont réelles : Festival de musique et de danse traditionnelles du Pays bassari, Festival de la nature et de la biodiversité du Pays bassari, Festival de l’initiative écologique du pays bassari. Ou encore l’initiative visant, pendant les vacances, à mettre les « enfants au cœur du patrimoine ».
Toujours inspiré par l’exemple marocain, le gestionnaire a mis en place l’association des amis du village communautaire de Bandafassi. Un tremplin pour aller vers la Fondation.
Ibrahima Khaliloullah NDIAYE