Viviane Chidid: Une artiste de variétés, un univers sans frontières

PARTAGEZ CET ARTICLE SUR LES RÉSEAUX
Facebook
X
LinkedIn
WhatsApp
Telegram
Email

Viviane Chidid, figure incontournable de la musique sénégalaise, transcende les styles en mêlant habilement mbalax et afrobeat. Son parcours témoigne d’une rare capacité d’adaptation, doublée d’un talent vocal hors norme.

« Ce n’est pas le plus fort des es­pèces qui survit, mais celui qui s’adapte le plus au changement ». Cette célèbre pensée de Charles Darwin trouve une résonance par­ticulière dans le parcours de Vi­viane Chidid. Seulement, la reine du mbalax R&B transcende cette simple adaptation : elle est non seulement une espèce forte, mais également une chanteuse d’ex­ception, capable de renouveler son art sans perdre l’âme de son identité musicale.

Aujourd’hui, Viviane a su conquérir un large public, y com­pris la jeune génération, pourtant souvent plus sensible aux courants musicaux internationaux. Ceci s’explique, selon le journaliste La­mine Bâ, par plusieurs facteurs. Viviane, observe-t-il, intègre des tendances musicales internatio­nales tout en conservant une forte identité sénégalaise. « Son utilisa­tion des réseaux sociaux, ses choix esthétiques modernes et ses collaborations avec des artistes appréciés des jeunes renforcent également son attrait. Aussi, ses textes et sa musique parlent à la jeunesse tout en les connectant à leur culture », analyse le critique musical.

Pour lui, l’évolution de la musique de Viviane, du mbalax à des so­norités afrobeats, illustre une ou­verture aux nouvelles tendances tout en préservant ses racines sé­négalaises. Cette hybridation, dans le contexte local, indique-t-il, peut être regroupée sous le vo­cable « Jolofbeats », une appella­tion qui reflète, selon lui, la fusion des rythmes traditionnels sénéga­lais et des influences globales.

Versatilité musicale

Si Viviane est reconnue comme une artiste de variétés, c’est grâce à sa capacité à moderniser le mba­lax en y intégrant des éléments de pop et de R&B. Elle a notam­ment introduit une production musicale plus épurée avec des ar­rangements sophistiqués et des sonorités électroniques, tout en conservant les percussions séné­galaises comme socle. « Elle a osé des collaborations internationales et des expérimentations avec des instruments comme le synthéti­seur, rendant ainsi le mbalax ac­cessible à un public plus large », ajoute le critique musical.

Dès ses premiers pas dans le groupe Super Étoile de Youssou Ndour en 1993, Viviane s’est im­posée comme une figure incon­tournable du mbalax, ce style mu­sical typiquement sénégalais avec des percussions traditionnelles et des touches modernes. Avec une voix puissante et une énergie scé­nique communicative, la belle au teint clair et à la voix cristalline parvient à marquer durablement ce registre. Ses premiers albums, notamment « Le Show » en 2001, témoignent d’un enracinement profond dans cette tradition mu­sicale tout en introduisant des touches novatrices.

En 2002, elle sort son quatrième album « Téré Nelaw », très R&B, des chants de louanges aux Lions de la Téranga mettant en avant leurs exploits durant la Coupe du monde de foot en Corée. Alors, toute l’Afrique tombe sous le charme de la chanteuse, ce qui lui vaut, la même année, une nomi­nation aux « Kora Awards » dans la catégorie « Meilleur arrange­ment ».

Elle sort en 2003 un nouvel album, « Fii Ak Fee ». L’année sui­vante, elle se lance dans le rap et le hip-hop, avec l’album « Esprit » qui est un succès et demeure jusqu’à présent l’album hip-hop le plus vendu dans l’histoire du rap sénégalais, un album réalisé avec de grands rappeurs sénéga­lais, notamment Fou Malade, Carlou D, Khuman et Pacotille. Mais ce qui séduit et d’ailleurs fait la force de la chanteuse, c’est sa versatilité musicale, due sans doute à son ancienne carrière de chanteuse de variétés. Viviane s’adapte à tous les styles. Michael Soumah, artiste musicien, se sou­vient : « Je l’ai connue au début des années 90. Les gens l’ont dé­couverte à travers mes émissions que j’animais à l’époque. Viviane a introduit des innovations dans le genre du mbalax. Elle possède une voix de chanteuse de variétés qui, mixée avec ce style, a produit des sonorités inédites ».

Cette capacité à innover a permis à la reine du Jolof Band de se dé­marquer et de renouveler un genre souvent perçu comme exclusive­ment local.

« C’est une très bonne chose, parce que le problème du mbalax, c’est qu’il est resté pendant longtemps une affaire sénégalaise », note l’animateur. Selon lui, ce genre musical n’a pas réussi à franchir les frontières. « À l’image de la musique nigérienne et du Ma­kossa au Cameroun, c’est une musique qui n’a pas encore fait boum dans le paysage musical mondial », affirme-t-il.

Figure emblématique sur la scène internationale

Avec l’album « Man Diarra », sorti en 2005, Viviane amorce un tour­nant décisif en intégrant des so­norités pop et R&B à son réper­toire, élargissant ainsi son public et renforçant son image d’artiste moderne et visionnaire. Cette quête d’innovation culmine dans ses explorations du reggae et des rythmes afrobeats où elle s’appro­prie des influences internationales tout en conservant l’authenticité de ses racines. Des titres comme « Yeuk-Yeuk » ou « Fima Tollu » témoignent de cette maturité ar­tistique et de cette audace créa­tive.

Forte d’une renommée qui fran­chit de plus en plus de frontières, Viviane obtient en 2011, entre au­tres, les titres d’« Artiste féminine de l’année », « Meilleur clip vidéo » et « Meilleure Afro-Rythme chanson » à l’Afrotainment Mu­seke African Music Awards.

Cependant, comme le souligne Michael Soumah, le succès de Vi­viane ne repose pas uniquement sur son éclectisme musical. « Elle a su comprendre que la musique repose aujourd’hui sur la mixité et le mélange. Elle travaille avec des beatmakers qui l’aident à peaufiner une musique capable de parler à un public mondial », explique-t-il. En effet, grâce à ses collaborations et à son ouverture d’esprit, Viviane a su conquérir des audiences bien au-delà des frontières sénégalaises, s’impo­sant, ainsi, comme une figure em­blématique sur la scène interna­tionale.

Au-delà de son talent vocal et de sa créativité musicale, Viviane Chidid incarne la résilience et la persévérance. Elle a su séduire les jeunes générations tout en conser­vant la fidélité de ses premiers fans. « Toutes les musiques qu’elle a produites sont intemporelles. Elle peut les remettre au goût du jour sans perdre leur essence », ajoute Michael Soumah.

Adama NDIAYE

À lire aussi
NE MANQUEZ RIEN!
ANNONCEURS
Votre publicité ici

Vous voulez atteindre une audience ciblée et engagée ? Placez vos bannières publicitaires sur notre site

Indiquez vos informations
Mot de passe oublié
Veuillez entrer votre adresse e-mail ou votre nom d'utilisateur ci-dessous.
 
Mot de passe perdu ?
Votre demande a été transmise avec succès

Nous allons traiter votre demandes dans les meilleurs délais.
L’équipe du Journal Le Soleil

Votre demande a été transmise avec succès

Nous allons en prendre connaissance et vous répondre dans les meilleurs délais.

L’équipe du journal Le Soleil

Indiquez vos informations