Une fois sa constellation de satellites mise en activité, le Sénégal disposera d’un outil de pointe pour une meilleure surveillance des frontières. L’œuvre est de l’Agence sénégalaise d’études spatiales (Ases).
La technologie ne cesse de changer les habitudes et les usages. Aujourd’hui, tous les segments de la vie sont impactés. Face aux menaces sécuritaires de plus en plus pressantes, la technologie, par ricochet les sciences spatiales, apparaissent comme une option adaptée aux enjeux de protection des frontières notamment. Le Sénégal l’a compris. Avec la création de l’Agence sénégalaise d’études spatiales, notre pays se donne les moyens d’être à la pointe de ce qui se fait de mieux dans le domaine. C’est tout le sens de la constellation de satellites que l’Ases est en train de finaliser. Maram Kaïré, son Directeur général, explique les enjeux. Pour lui, les satellites jouent un rôle crucial dans la surveillance des territoires et des frontières grâce à leurs capacités d’observation avancées et leur couverture globale. « La notion de géointelligence est aujourd’hui d’un enjeu stratégique décisif dans la gestion de la sécurité des frontières. Elle intervient à l’intersection de trois domaines différents que sont l’intelligence décisionnelle, l’intelligence artificielle et la technologie des systèmes d’information géographique (Sig). Ils apportent une contribution essentielle à plusieurs niveaux grâce à l’Observation et l’imagerie haute résolution (jusqu’à quelques centimètres par pixel) pour surveiller les mouvements humains, les constructions illégales ou les activités suspectes près des frontières.
« Les satellites radar (Sar) comme Sentinel-1 (programme Copernicus) ou les satellites militaires fonctionnent de jour comme de nuit pour détecter les intrusions même sous couverture nuageuse », révèle-t-il.
Pour Maram Kaïré, les changements du type de menace, avec un ennemi qui peut se déplacer aujourd’hui avec des moyens de petite taille comme une mobylette, nécessitent une capacité de surveillance des frontières en temps quasi réel. Dans ce cadre, dit-il, « les satellites géostationnaires comme pour les communications ou en orbite basse comme les constellations de petits satellites permettent une surveillance continue des zones sensibles. Les données obtenues sont parfois couplées à des systèmes d’intelligence artificielle pour détecter automatiquement des mouvements anormaux ou variations de température ».
Toujours sur le principe de constellation de satellites, grâce à la haute résolution et un monitoring en quasi-temps réel, il s’agit également d’identifier les modifications du terrain comme le tracé de nouvelles routes ou le défrichement illégal pour tout type de trafics transfrontaliers, afin de repérer les passages clandestins ou les activités de contrebande. « Les satellites contribuent aussi à une gestion sécurisée des communications sur le terrain d’opération et d’en assurer une bonne coordination. C’est, entre autres, dans ces perspectives que s’inscrit le projet de constellation souveraine que l’Ases est en train de mettre en œuvre pour le Sénégal et au service des Forces de défense et de sécurité », explique-t-il.
Oumar FEDIOR