Avec une production de 97.273 tonnes de poissons enregistrée en 2024, pour une valeur commerciale estimée à 4.012.452.930 de FCfa, la pêche constitue l’un des secteurs moteurs de l’économie de la région de Saint-Louis. Cependant, les défis restent nombreux pour le secteur qui peine à décoller définitivement.
De par sa position géographique avec une ouverture de 70 km sur l’océan atlantique et sur le fleuve Sénégal, mais aussi ses conditions biophysiques et hydrodynamiques favorables au développement du phytoplancton, Saint-Louis est une zone favorable à l’activité de pêche. Pas moins de 6.995 embarcations, dont 5.195 immatriculées, ont été recensées dans la région en 2023. « La pêche maritime concentre l’essentiel des embarcations avec 3.159 en 2023, tandis que la pêche continentale a utilisé 2.036 embarcations dans la même période », précise le Chef du service des pêches. En 2024, renseigne l’Inspecteur Alioune Diop, la région a enregistré une production de 97.273 tonnes de poissons pour une valeur commerciale estimée à 4.012.452.930 de FCfa, soit une hausse de 22, 37 % en volume et 51,30 % valeur par rapport à 2023.
« Le niveau de production de poissons est porté essentiellement par le département de Saint-Louis qui concentre plus de 98% de la production », précise Alioune Diop. Bien sûr, elle occupe et va continuer de d’occuper cette place importante dans l’économie. Les statistiques la confirment avec un nombre de pêcheurs évalué à 37.656 dont 31.590 pour la pêche maritime et 6.066 pour la pêche continentale. Le département de Saint-Louis à lui seul, compte plus de 80 % des pêcheurs utilisant 3.159 embarcations, 1.100 mareyeurs, 1.900 femmes transformatrices. La pêche, indique-t-il, contribue, de façon significative, à la création directe et indirecte d’emplois et de revenus, à la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations de la région. « En période de campagne, elle assure presque l’approvisionnement de tous les marchés intérieurs et même des pays voisins, en produits halieutiques frais, congelés et ou transformés », renseigne Alioune Diop. Si l’activité de pêche représente le premier secteur économique et entretient un marché prospère, confirmant ainsi son rôle moteur dans le développement économique de cette localité, elle tarde cependant à décoller comme il se devrait. Elle est freinée par des difficultés qui ont trait à la fréquence des accidents en mer notamment au niveau de la brèche, à l’insuffisance d’infrastructures de conservation des produits halieutiques, mais aussi à l’absence de quais agréés.
L’éternelle équation des licences de pêche
Depuis des années, les licences de pêche ont toujours constitué un casse-tête pour les pêcheurs de Saint-Louis. Ces derniers, confrontés à la raréfaction des ressources halieutiques due notamment à une surexploitation, dépendent en partie des eaux poissonneuses mauritaniennes. En juin dernier, les deux parties ont ainsi reconduit le contrat-type d’affrètement d’embarcation artisanale de pêche pélagique, tel qu’approuvé le 25 février 2001, et dont l’objectif est de « favoriser un partenariat de nature à préserver les intérêts mutuellement avantageux ». En effet, les autorités mauritaniennes, à travers ce protocole, ont accordé « un quota de 50.000 tonnes par an à un nombre limité ne dépassant pas 500 embarcations ». Ce protocole cible tout seulement les espèces pélagiques. Les pêcheurs sénégalais n’ont donc pas le droit de pêcher les céphalopodes et les crustacés. Les acteurs ont jugé insuffisant le quota et ont plaidé pour l’augmentation du nombre de licences de 500 à 1.000 et de la quantité des captures autorisées de 50.000 à 100.000 tonnes par an. Selon l’Inspecteur Alioune Diop, « l’augmentation du quota accordé aux sennes tournantes dans le cadre du protocole avec la République Islamique de Mauritanie et son élargissement à d’autres type de pêche », font partie des défis du secteur.
Par Samba Oumar FALL