Lors de la Conférence de presse du gouvernement ce jeudi 13 férié, Abdourahmane Sarr a pris la parole. Le ministre de l’Économie, du Plan et de la Coopération a parlé de l’impact économique du rapport de la Cour des Comptes, ainsi que les leviers qui seront actionnés pour permettre au Sénégal de se sortir de cette situation.
Abdourahmane Sarr a d’abord insisté sur l’ampleur des déficits et des dettes accumulés par le Sénégal entre 2019 et 2024. Il révèle ainsi que la dette accumulée était à 99,7% du PIB en fin 2023. Cela s’explique par le fait que « Beaucoup de dépenses ont été engagées en dehors des circuits budgétaires normaux, sans autorisation parlementaire. Ceci a été rendu facile par des pratiques budgétaires qui consistaient d’une part à effectuer des transferts budgétaires dans des comptes de dépôt de l’Etat afin de pouvoir effectuer des dépenses supplémentaires non autorisées et pouvoir assurer le service de la dette cachée contractée sans autorisation parlementaire ». Et d’ajouter que certaines de ces dettes venaient du secteur bancaire local, du décaissement sur des projets financiers, sur des ressources extérieures car l’argent était disponible via des partenaires afin de donner un caractère légal à ces pratiques. « Les autorités sortantes donnaient des lettres de confort ou des lettres de couverture budgétaire afin que les travaux en question non prévus par les lois de finances votées puissent se faire », poursuit le ministre.
Abdourahmane Sarr continue en insistant sur les déficits élevés du dernier régime. Néanmoins, il assure que le régime de Bassirou Diomaye Faye s’attellera à réduire le déficit du Sénégal. celui-ci, projeté à 7,1% du PIB pour 2025, « sera ramené à 3% du PIB dans un horizon raisonnable de sorte à réduire également la dette à 70% du PIB comme demandé par les critères de convergence dans un horizon raisonnable. Les projets qui seront inclus dorénavant dans le budget seront strictement alignés à la vision 2050, compatible avec les lois de finances ». Concernant la taille de la dette, il l’explique par le fait que les membres du régime sortant avaient tendance à facturer des travaux déjà effectués, ou en cours mais qui avaient été déjà payés.
Objectif : ramener la dette à 70% du PIB
Concernant la projection, Abdourahmane Sarr assure que l’objectif du gouvernement d’Ousmane Sonko est de ramener la dette à 70% du PIB à l’horizon 2029-2035. Pour y arriver, le ministre de l’Économie du Plan et de la Coopération sait comment faire. « Je voudrais dire que cette trajectoire est crédible car le déficit est déjà presque à ce niveau. Ensuite, la croissance sera forte avec une croissance en moyenne de 6,5%. Elle est déjà au-delà grâce à la production de pétrole et de gaz qui vient de démarrer, confortant la trajectoire de réduction de la dette sur la période 2025-2029 à venir ».
Rappelant que la dernière analyse conjointe afin de viabiliser la dette du Sénégal, réalisée en 2023 par la FMI et la Banque mondiale en 2023, avait maintenu le Sénégal en risque de surendettement modéré, Abdourahmane Sarr rassure : la dette du Sénégal, malgré la hausse du ratio d’endettement, est toujours soutenable. Il y aura donc un ajustement budgétaire pour aider à la stabilisation de cette dette. « La nouvelle stratégie d’endettement que nous avons élaborée devrait aider à réduire considérablement l’exposition du portefeuille d’endettement de la dette en devises et à améliorer la viabilité de cette même dette. Nous allons attirer les non-résidents sur notre marché en monnaie locale afin d’approfondir notre marché en collaboration avec la Banque centrale dans un environnement de stabilité macroéconomique ».
Par ailleurs, le Comité national de la dette sera mis à contribution. M. Sarr annonce également que « le front-office de la gestion de la dette sera unifié avec un back-office dans une seule entité. Le ministère de l’économie du plan et de la coopération s’occupera de ce qui est communément appelé middle-office qui élabore la stratégie d’endettement en ligne avec le cadre macroéconomique et la viabilité de la dette et mettra tous les projets proposés au budget. De ce fait les manuels de procédure que nous avons déjà et qui sont en ligne avec les standards internationaux, seront donc totalement exécutés. La direction générale de la comptabilité et du Trésor, compte tenu, de ses aptitudes spécifiques liées notamment à ses interactions avec les marchés et ses prérogatives en matière de comptabilité de la dette, devrait assurer aisément l’exécution des activités propres au fond du pack office ».
Le ministre de l’Economie tient également à préciser que la procédure de redressement de l’endettement sera fait en conformité avec le cadrage macroéconomique de la Banque centrale. Cette dernière sera consultée par les différentes fonctions de gestion de la dette.
Enfin, M. Sarr annonce que les ministres vont finaliser leur lettre de politique sectorielle d’ici la fin du mois de février, conformément au processus de sélection des priorités enclenché par le Premier ministre Ousmane Sonko.
Oumar Boubacar NDONGO