La nouvelle Stratégie nationale portuaire du Sénégal (Snps) sera dévoilée lors d’un atelier de deux jours (24 et 25 juillet 2025) à Saly Portudal. Ce plan vise à repositionner le pays comme leader logistique en Afrique de l’Ouest, à l’horizon 2035, face à une concurrence régionale accrue.
Le Sénégal se dote d’une nouvelle Stratégie nationale portuaire (Snps). Selon un communiqué du Port autonome de Dakar (Pad), le document sera dévoilé lors d’un atelier qui se tiendra à Saly les 24 et 25 juillet 2025. Soutenu par l’Agence belge de Coopération internationale (Enabel), ce projet ambitionne de faire du Sénégal un hub portuaire et logistique majeur en Afrique de l’Ouest. Lancée en 2021 par l’arrêté ministériel n°025779, la Snps s’inscrit dans la « Vision Sénégal 2050 ». Elle repose notamment sur le futur port de Ndayane, projet phare pour dynamiser l’écosystème portuaire national.
En outre, le Sénégal souhaite tirer parti de la Zone de Libre-échange continentale africaine (Zlecaf) et des projets extractifs (pétrole, gaz, fer), pour mieux intégrer les marchés de l’Uemoa et de la Cedeao. Toutefois, le pays reste distancé par le Maroc, doté d’une stratégie portuaire à l’horizon 2030, et la Côte d’Ivoire qui a mis en place, en 2021, un plan ambitieux de reconquête de parts de marché. Le Bénin, le Ghana et la Mauritanie ont également structuré leurs politiques portuaires pour capter les flux régionaux. Le Sénégal accuse ainsi un retard que l’atelier de Saly entend combler en définissant « un plan directeur à la hauteur de ses ambitions portuaires et logistiques ».
Le port autonome de Dakar, classé 381ᵉ au Container Port Performance Index 2023 de la Banque mondiale, souffre de nombreuses faiblesses : concentration logistique excessive, déficit de digitalisation, fragmentation institutionnelle, sous-investissement… Ces obstacles limitent sa compétitivité face à des plateformes comme Conakry, Abidjan ou Lomé.
La Stratégie nationale portuaire du Sénégal propose ainsi « une réforme ambitieuse, avec notamment une loi portuaire destinée à encadrer l’ensemble des ports maritimes, fluviomaritimes, de pêche, de plaisance et les ports secs ». « Ce cadre législatif devra renforcer la sécurité juridique et créer un environnement attractif pour les investisseurs », indique le communiqué.
En ce qui concerne l’opérationnalisation de la Snps, le Pad est désigné autorité portuaire nationale conformément au décret n° 2023-353. Générateur de 95 % des recettes douanières, le Port autonome de Dakar s’affirme comme un pilier économique majeur, apte à porter la stratégie. En 2024, il affiche un chiffre d’affaires de 77,34 milliards de FCfa (+9 %) et un trafic de 24,58 millions de tonnes (+7 %).
Par ailleurs, la Snps clarifie les rôles entre le Pad et l’Anam (Agence nationale des Affaires maritimes), afin d’assurer une gouvernance cohérente du secteur. S’inspirant du modèle français, où le port de Marseille a été reconnu comme port d’intérêt national, le Sénégal envisage de doter le port de Dakar d’avantages spécifiques. L’atelier de Saly constitue donc « une étape décisive dans la validation de la Snps par l’ensemble des parties prenantes ».
En combinant réformes institutionnelles, modernisation des infrastructures et intégration régionale, le Sénégal ambitionne de devenir, d’ici à 2035, un hub portuaire, industriel et logistique de référence, capable de rivaliser avec les grands ports africains, et de s’imposer sur la scène mondiale.
Assane FALL