Assane Mbengue, DG de Dakar Dem Dikk : « Les bus seront peints aux couleurs nationales »

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Depuis mai 2024, Assane Mbengue est au volant de la société Dakar Dem Dikk. À l’aube de cette année 2025, le directeur général décline les grands projets de la société de transport public ; du « bus intelligent » à la peinture des véhicules aux couleurs nationales. Mais « Dakar Dem Dikk » est une entreprise surveillée par l’État. M. Mbengue évoque, dans cet entretien, la situation financière, l’effectif pléthorique, les dettes… 

Entretien réalisé par Babacar Guèye DIOP (texte) et Moussa SOW (photos)

Il y a quelques jours, le Premier ministre Ousmane Sonko a évoqué, dans sa Déclaration de politique générale, le cas de Dakar Dem Dikk. Est-ce que la société est dans une situation critique financièrement ?

La situation financière est critique avec une dette très élevée. Aujourd’hui, un des chantiers de 2025, et le Premier ministre l’a annoncé, c’est de travailler à la restructuration de « Dakar Dem Dikk ». Nous avons entamé ce chantier en essayant d’optimiser les ressources à disposition. Quand une entreprise fonctionne avec des ressources limitées, il faut les utiliser de manière optimale. C’est ce que nous sommes en train de faire. Nous avons réduit les directions qui sont passées de 12 à 9, éliminé ou rationalisé certaines dépenses.

Quel est le montant de la dette de Dakar Dem Dikk ?

Elle avoisine 130 milliards de FCfa. Toutes les acquisitions de parcs de Dakar Dem Dikk sont faites grâce au concours de l’État. La société n’a pas généré assez d’argent pour acheter ses bus. Sur l’Ipres, la dette tourne autour de 17 milliards de FCfa. C’est quasiment près de 60 % du budget annuel de la société. La dette fiscale est à plus de 3 milliards de FCfa alors que pour la Caisse de sécurité sociale, elle avoisine 700 millions. Il faut que l’État nous aide à payer ces dettes.

Pour les coopératives d’habitat, les cotisations étaient prélevées à la source, mais les sommes n’étaient pas versées aux destinataires. Nous nous sommes engagés à solder cette dette sur une période de 12 mois. Depuis cinq mois, nous faisons des versements réguliers de l’ordre de 58 millions de FCfa par mois.

Est-ce qu’il y a un plan social à Dakar Dem Dikk ?

Nous ne préférons pas le terme plan social, bien que nous soyons dans l’obligation de rendre l’entreprise productive et performante en optimisant les ressources. Toutefois, l’effectif pléthorique constitue un problème.

Quel est le nombre d’agents ?

Aujourd’hui, si nous intégrons les prestataires, nous avoisinons 3 000 agents.

Pour quelle masse salariale mensuelle ?

Pour plus de 800 millions de FCfa. Le problème, ce n’est pas que l’effectif pléthorique, il y a une inadéquation de la ressource par rapport aux besoins réels de l’entreprise. Par exemple, il m’est difficile de sortir le nombre de bus que je veux à cause d’un manque de chauffeurs et de receveurs alors que les bus sont disponibles. Les choix opérés dans le recrutement n’ont pas été très efficients. Le recrutement était politique. Des gens sont recrutés avec des contrats à durée indéterminée aux dépens d’autres plus anciens. Cette situation a des incidences sur la masse salariale.

Comment gérez-vous cet effectif pléthorique qui ne colle pas aux besoins de l’entreprise ?

Nous avons certes trouvé un effectif pléthorique, mais nous avons essayé de tirer le meilleur de chaque agent. Le temps de production n’était pas optimisé. À mon arrivée, la société faisait voyager un peu moins de 50 000 Sénégalais par jour. Aujourd’hui, les derniers ratios affichent 110 000 voyageurs par jour. C’est plus que le double en six mois.

Est-ce que les recettes journalières ont augmenté ?

Elles ont doublé. Nous sommes passés de près de 25 millions de FCfa à 52 millions. Un énorme travail est fait.

Est-ce que vous avez procédé à des licenciements ?

Non. Bien que j’ai trouvé des prestataires. Notre approche a été d’y aller avec mesure. Des prestataires sont là depuis 2017. D’un point de vue juridique, s’ils attaquent la société, ils peuvent avoir gain de cause. Un prestataire qui travaille depuis 2017 devait avoir un contrat à durée indéterminée. Pour ces prestataires, nous avons enclenché le processus de régularisation avec l’accord de notre Conseil d’administration. Nous avons préféré les garder, observer et mesurer jusqu’à la fin de l’année. Nous agissons sur d’autres charges pour baisser ou rationaliser notre masse salariale. Le personnel-cadre est aussi concerné.

Où en êtes-vous avec le projet d’intermodalité entre Dakar Dem Dikk, le Ter et le Brt ?  

Nous avons trouvé ce projet sur place. Mais avant d’arriver à un mode de transport unifié pour une offre de service globale, il fallait stabiliser Dakar Dem Dikk. Avec nos moyens limités, nous arrivons à faire plus de 110 000 voyageurs par jour sur l’urbain. Ce chiffre ne prend pas en compte les voyageurs de Sénégal Dem Dikk, ni la navette vers l’Aéroport international Blaise Diagne. C’était mieux de renforcer ce service, de le structurer, avant d’aller vers l’intermodalité avec le Ter et le Brt.

Qu’avez-vous fait depuis votre arrivée pour renforcer les lignes d’Afrique Dem Dikk et Sénégal Dem Dikk ?

Pour Afrique Dem Dikk, il y a des chantiers d’ouverture sur d’autres pays. Pour l’instant, c’est uniquement la desserte vers la Gambie qui est fonctionnelle. L’axe Nouakchott est à l’étude. Nous attendons la livraison du pont de Rosso pour lancer cette ligne. Si les moyens suivent, on compte aller jusqu’au Maroc et les autres pays de la sous-région comme les deux Guinée et au Mali. Pour Sénégal Dem Dikk, des efforts sont faits comme la stabilisation du service et le recentrage des réservations de nos voyageurs. Par rapport au maillage, on dessert les 14 régions. Sénégal Dem Dikk est un des services pour lequel nous avons plus de satisfaction parce qu’on a une demande exponentielle.

Quelles sont les perspectives pour 2025 ?

On a présenté un bus intelligent qui ne fait pas que du transport classique. Aujourd’hui, on veut améliorer l’expérience voyage avec nos clients en leur simplifiant le mode d’interaction avec le moyen de transport. Exemple : vous avez une carte avec un montant comme 10 000 FCfa. Vous entrez dans le service et vous avez des agents qui valident. Il suffit de placer la carte et le scan va calculer la section et le montant sera prélevé sur le compte. Si ce service est opérationnel, nous n’aurons plus besoin de la présence d’un receveur dans le bus. Aujourd’hui, le receveur n’existe plus que dans quelques pays, dont le Sénégal. Les receveurs seront redéployés ailleurs. Le bus intelligent a été présenté aux autorités. Le dispositif a été installé et testé pendant 2 mois à Dakar. Nous avons eu plus de 90 % de satisfaction sur les tests réalisés.

Les bus seront-ils peints au couleur de Pastef ?

(Rires) Non. Ils le seront aux couleurs nationales. Les agents seront formés à ces nouveaux bus. Nous avons discuté avec le 3Fpt. Après, nous comptons relever le plateau technique de nos dépôts, notamment celui de Ouakam. Nous avons 22 points gares à Dakar et nous voulons que les clients prennent conscience qu’ils évoluent dans l’environnement de Dakar Dem Dikk. Nous voulons également moderniser la gare de l’Aéroport international Blaise Diagne. Une partie est déjà livrée. À Liberté 5, nous allons faire la même chose pour satisfaire une demande des clients.

Pour Sénégal Dem Dikk, avec l’érection des pôles déclinés dans la vision « Sénégal 2050 », il y aura une gare moderne dans chaque pôle avec des espaces de vie. Nous voulons créer des sous-réseaux dans ces pôles en lien avec les cinq corridors pour permettre à ces pôles d’interagir. Nos équipes sont en train d’y travailler, dans le cadre d’un plan stratégique de développement qui sera livré avant la fin du premier trimestre de cette année.

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