Avec la fermeture de l’Ucad, c’est toute l’économie informelle de l’avenue Cheikh Anta Diop qui tourne au ralenti. Pour les petits commerçants, c’est une période de chômage forcé ou d’adaptation précaire.
Quelques photographes tiennent encore leur poste devant le portail du campus, dans le fameux « Couloir de la mort ». Ils agitent des exemplaires de photos d’identité en répétant aux passants souvent pressés ou agacés : « Photo ? Photo ? ». Ibrahima Diémé, photographe, refuse de quitter son terrain malgré la baisse drastique de la demande. « Même si l’université est fermée, il y a toujours quelqu’un qui a besoin d’une photo pour un concours ou un dossier. Mais, la situation est difficile. Je n’ai que la photographie comme métier. Donc, je patiente jusqu’à la réouverture », confie-t-il.
La fermeture des campus universitaires a ralenti les activités économiques sur cette avenue dénommée Cheikh Anta Diop et d’habitude grouillante de monde. La clientèle étant essentiellement composée d’étudiants, de nombreux vendeurs ont été contraints de migrer vers d’autres sites. C’est le cas des fripiers. Leur espace habituel, désormais transformé en lieu de prière improvisé, reste vide jusqu’à la rentrée.
Durant les vacances, ils migrent vers les marchés plus fréquentés, tels que Colobane ou Sahm, avant de regagner leur place à l’ouverture des campus. Les plus touchés restent ceux dont le commerce dépend exclusivement de l’université. Entre chômage forcé et adaptation précaire, ils subissent, chaque année, la même réalité. Pourtant, certains parviennent à tirer leur épingle du jeu. C’est le cas d’Issa Sow, vendeur de fast-food depuis plus de 10 ans, qui a installé sa roulotte derrière le Centre d’Études des Sciences et Techniques de l’Information (Cesti).
« Beaucoup de mes clients viennent des alentours. Ce ne sont pas seulement des étudiants. Je n’ai jamais cessé de travailler pendant les vacances. La journée, je suis ici et le soir, je me déplace vers la corniche où il y a des familles ou des couples », confie-t-il. Les « vendeurs ambulants de nourriture et de boissons » semblent mieux résister. Moins dépendants des étudiants, ils se rabattent sur les ouvriers des nombreux chantiers de la zone. Adji Ndiaye, restauratrice, confirme. « La fermeture de l’université ne change rien pour moi. Mes clients, ce sont les ouvriers », dit-elle en servant à la hâte du riz au poisson dans des barquettes.
Elles sont destinées à une clientèle d’ouvriers attablés sous une tente de fortune. Sur les trottoirs, les sachets d’eau et les jus locaux restent les produits phares, très prisés en ces jours de forte chaleur. En attendant le retour des étudiants, certains vendeurs improvisent, s’accrochent et inventent d’autres formes de résilience pour continuer à faire vivre l’avenue Cheikh Anta Diop.
Ndèye Ndiémé TOURÉ