Si le secteur africain de l’aviation peine à être compétitif, le coût exorbitant des billets y est pour beaucoup. C’est la conviction de Somas Appavou, Directeur régional affaires extérieures à l’Association du transport aérien international (Iata). Il s’exprimait à l’occasion d’une conférence de presse virtuelle.
« Le prix du billet est cher en Afrique. La moitié du prix concerne les taxes. Donc si les États font l’effort de revoir les taxes et les redevances, on peut faire un grand pas, notamment dans le transport intra africain », a-t-il plaidé. Selon lui, « les taxes et les redevances sur le transport aérien en Afrique sont 15 % plus élevées que la moyenne mondiale ».
C’est pourquoi il estime essentiel que les gouvernements comprennent que la plus importante valeur que procure l’aviation est de constituer un catalyseur économique. « Le transport de voyageurs et de biens stimule la création d’emplois. Si on détruit la demande avec une fiscalité excessive, on freine le développement économique et social. Lorsque les redevances sont utilisées pour financer des infrastructures d’aviation critiques, la coordination entre l’industrie et les gouvernements est essentielle », insiste-t-il.
Selon lui, l’objectif doit être de construire des infrastructures d’aviation économiques et adaptables, capables de soutenir la croissance. Consciente des enjeux, la Cedeao a d’ailleurs prévu à partir du 1er janvier 2026, de revoir les taxes. Une initiative salutaire que les autres unions devraient suivre, suggère-t-il.
Poursuivant son diagnostic, M. Appavou estime que la pléthore de petites compagnies ne milite pas pour un secteur de l’aviation compétitif. Car, dit-il, le fait que les flottes soient faibles fait que ces petites compagnies ne bénéficient pas d’économie d’échelle. C’est d’ailleurs ce qui les rend chères, à ses yeux. Dans cette dynamique d’amélioration du secteur, l’expert plaide pour l’amélioration de la sûreté des pistes. Ce qui passe, selon lui par l’identification des causes. En effet dit-il, sur 42 accidents en Afrique, seuls 8 rapports sont publiés. Une situation qui, à ses yeux, empêche de mieux cerner les défis sécuritaires. M. Appavou n’a pas manqué de plaider pour un renforcement de la connectivité entre aéroports africains. Cependant, malgré des défis importants, le secteur de l’aviation contribue à hauteur de 75 millions de dollars dans le PIB africain.
L’expert plaide par ailleurs pour l’élimination des fonds bloqués. Il estime que les compagnies aériennes ne peuvent fonctionner dans un marché si elles ne sont pas en mesure de rapatrier les revenus générés, ce qui est garanti par les traités internationaux et les accords bilatéraux. « Les revenus de 1 milliard $ des compagnies aériennes bloqués par les gouvernements africains (en mai 2025), qui représentent 73 % des fonds bloqués dans le monde, nuisent à la connectivité internationale de l’Afrique », alerte Appavou.
Oumar FEDIOR