Face à un déficit important de logements, une nouvelle interfédération regroupant les acteurs clés du Btp, de l’industrie et de l’immobilier a vu le jour. Cette initiative conjointe avec l’État ambitionne de proposer des solutions concrètes, notamment à travers des mécanismes tels que la location-vente, afin de faciliter l’accès à la propriété pour le plus grand nombre et relancer un secteur vital de l’économie nationale.
Le secteur privé et l’État mutualisent leurs efforts pour répondre aux défis liés à l’accès au logement. Une interfédération regroupant des acteurs des secteurs du Btp, de l’industrie et de l’immobilier s’est constituée afin de faciliter l’accès au logement pour un plus grand nombre de citoyens. L’objectif de cette démarche conjointe, qualifiée d’« inédite », est de contribuer à la réduction du déficit de logements, estimé à 500.000 unités à l’échelle nationale. Lors d’une rencontre organisée, le jeudi 15 mai, à la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Dakar (Cciad), le président du Syndicat national des entreprises du bâtiment et des travaux publics (Snetp), Abdel Kader Ndiaye, a souligné l’importance de cette initiative. Laquelle découle, selon lui, d’une conjoncture extrêmement difficile, marquée par l’arrêt des chantiers, la faiblesse des portefeuilles et son lot de difficultés. « Nous avons jugé utile de prendre l’initiative de redynamiser les secteurs du Btp et de l’immobilier en épousant l’agenda économique et social du gouvernement », a-t-il déclaré.
Pour lui, il s’agit de relancer l’économie et de promouvoir un véritable développement endogène. Car, malgré la conjoncture, le secteur du Btp contribue à hauteur de 23,7 % au Pib. « Cette offre est une occasion historique de mettre en place une industrie de la construction couvrant toute la chaîne de valeur du secteur, en tenant compte, notamment de la forte progression démographique et du doublement attendu de la population sénégalaise, qui atteindra 36 millions d’habitants », a-t-il ajouté. Il a précisé que le consortium projeté se dotera d’une société dont la forme juridique et le capital seront définis par les parties prenantes. Le président du Syndicat professionnel des entrepreneurs du bâtiment et des travaux publics du Sénégal (Spebtps), Oumar Ndir, a, quant à lui, indiqué que cette union vise à dépasser le simple rôle d’observateur pour devenir un acteur coalisé au service du développement. « Il ne s’agit plus de reprocher à l’État son manque d’initiatives dans la création de logements ou le développement d’infrastructures. C’est pourquoi nous avons jugé nécessaire de mettre en commun nos moyens et nos intelligences pour lancer ce programme », a-t-il expliqué. Ce projet, estimé à environ 9.000 milliards de FCfa, bénéficiera de l’appui de l’État. Pour faciliter l’accès au logement, l’interfédération envisage de recourir à des mécanismes éprouvés tels que la location-vente, en collaboration avec des partenaires comme la Snhlm. Oumar Ndir a également assuré que l’ensemble des risques serait anticipé, mesuré et corrigé grâce à une approche collaborative impliquant tous les acteurs concernés.
De son côté, le président de la Fédération nationale des industries du Sénégal (Fnis), Allé Sène Guèye, a mis en lumière le rôle crucial des entreprises étatiques telles que la Sn-Hlm et la Sicap pour dynamiser le secteur de la construction et offrir des débouchés aux entreprises sénégalaises. Selon lui, ces entités, ayant déjà fait leurs preuves, doivent être au cœur de cet enjeu. Il a également insisté sur la solidité de l’industrie locale : « Nous, les industriels, disposons de tout ce qu’il faut en matière de matériaux de construction », a-t-il affirmé, en citant les cimenteries, les aciéries en développement, ainsi que les industries de second œuvre, telles que la menuiserie et les revêtements. « Cet écosystème de construction industrielle permet de bâtir localement, en réponse au vœu du ministre d’utiliser des matériaux locaux », a-t-il souligné. Cependant, le principal défi identifié par le président de la Fnis reste le financement. Il s’interroge sur les moyens dont disposera la Sn-hlm pour mobiliser les fonds nécessaires à l’acquisition des logements que les industriels et entreprises du Btp sont prêts à construire.
Pathé NIANG