La Bceao réagit au blocage de certaines fintechs. En conférence de presse, hier, à Dakar, le directeur national de l’institution monétaire, François Sène, a apporté des éclairages sur les raisons de ce blocage et promet d’accélérer le traitement des dossiers en cours pour aider la centaine de fintechs à se conformer.
La qualité de la majorité des dossiers relatifs aux dispositions réglementaires encadrant la réglementation de la fintech révèle des insuffisances « notables » qui nécessitent des corrections substantielles. C’est le constat qu’a dressé, hier, vendredi 9 mai, le directeur national de la Bceao, François Sène, lors d’une conférence de presse à Dakar. Ainsi, seulement neuf agréments ont été délivrés à l’échelle africaine, dont deux au Sénégal, sur plus d’une centaine d’entreprises. Il s’agit de Paydunya et Mikati. Compte tenu de la qualité insatisfaisante de ces dossiers, la Bceao a décidé de fournir un accompagnement afin de garantir leur bonne compatibilité avec les exigences réglementaires. « Quinze dossiers font actuellement l’objet d’une instruction avancée et deux autres devront suivre. Nous recevons quotidiennement de nouvelles demandes parce que le secteur de la fintech est très dynamique », a révélé M. Sène.
Par ailleurs, il a insisté sur la nécessité d’accélérer le traitement des dossiers restants, d’autant plus qu’un nombre important a été déposé tardivement, à l’approche de la dernière échéance. « Nous nous concentrons sur l’accélération des dossiers en cours. Nous échangeons et transmettons les éléments complémentaires aux structures ayant effectué leur dépôt tardivement, voire très tardivement ; ce qui est regrettable », a indiqué le directeur national de la Bceao. Il a rappelé que cette réglementation, entrée en vigueur le 23 janvier 2024, vise principalement à renforcer la sécurité des opérations et à lutter contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. À l’en croire, cette initiative est cruciale pour la protection des déposants, notamment ceux utilisant la monnaie électronique via leur téléphone portable, un outil d’inclusion financière majeur au Sénégal.
« La protection des déposants constitue l’un des objectifs fondamentaux d’une réglementation encadrant les services financiers. Il s’agit non seulement de sauvegarder les déposants eux-mêmes, mais également leurs avoirs, en particulier ceux détenus sous forme de monnaie électronique par une certaine catégorie d’épargnants », a renseigné François Sène. Ce dernier a également tenu à rassurer quant à l’impact de cette réglementation sur le secteur. « Il n’y aura pas, à notre sens, de destruction de valeurs puisque ces fintechs ont des partenariats très solides avec leurs partenaires bancaires. Nous pensons que ces fintechs ont la capacité également de se mettre très rapidement en conformité », a-t-il soutenu, précisant que le coût des opérations varie entre 10 et 100 millions de FCfa. La collaboration avec les banques a aussi été essentielle dans ce processus, car assurant une transition en douceur et évitant toute perturbation des services. « Ce que nous souhaitions éviter, c’est précisément cette erreur qui survient, aujourd’hui, dans le fonctionnement des services. Nous voulions que les banques…puissent également s’appuyer sur ce qui relève de notre obligation », a conclu le Dg de la Bceao Sénégal.
Pathé NIANG