Parmi les nombreuses contraintes freinant l’émergence des Petites et Moyennes Entreprises (Pme), la question de l’accès au financement revient avec insistance. Parmi les solutions préconisées figure le business angel. Mais en quoi consiste-t-il ? L’approche est simple : il s’agit d’une personne, ancien dirigeant, cadre expérimenté ou individu disposant de revenus confortables — qui décide d’investir une part de son patrimoine dans une entreprise innovante à fort potentiel.
En plus d’apporter des liquidités, cet investisseur met à disposition son savoir-faire, son expérience, ses réseaux relationnels ainsi qu’une partie de son temps et de son énergie. Ce modèle d’investissement offre un double avantage à l’entreprise bénéficiaire : elle obtient à la fois un soutien financier et un accompagnement stratégique. Toutefois, l’objectif du business angel n’est pas philanthropique. En général, ces investisseurs n’interviennent que dans des secteurs qu’ils connaissent bien et qu’ils jugent prometteurs. Cela dit, même si l’intérêt pour ce type d’investissement reste réel, la prudence est désormais de mise. Dans un contexte économique incertain, les business angels se montrent de plus en plus sélectifs.
Ils privilégient des petits tickets d’investissement afin de limiter les risques, tout en soutenant des entreprises en phase de pré-amorçage ou de démarrage. Ces montants plus modestes permettent une diversification du portefeuille, réduisant ainsi l’impact en cas d’échec. D’après le rapport Angel Investment Survey 2024, publié fin décembre 2024, environ 64 % des business angels opérant en Afrique investissent moins de 25.000 dollars par transaction. À titre de comparaison, cette proportion atteignait 77 % entre 2022 et 2024. Dans un contexte marqué par le dynamisme des start-up africaines, les business angels sont partagés entre l’envie de profiter d’un marché porteur et la nécessité de réduire les risques.
Aujourd’hui, des pays comme le Burkina Faso ont mis en place leur propre réseau national de business angels. La Banque africaine de développement (Bad) a, quant à elle, franchi une étape importante en rejoignant le Conseil d’administration du Forum mondial sur l’investissement des Business Angels (Wbaf).
Elle y représente les marchés boursiers en démarrage, les écosystèmes d’entrepreneuriat, les Pme, les entreprises à forte croissance, ainsi que les « investisseurs providentiels » et les fonds de capital-investissement en Afrique. Au Sénégal, bien que ce type de mécanisme soit encore peu développé, le potentiel est indéniable.
Face à des start-up innovantes, souvent étouffées par le manque de financement, et des investisseurs locaux majoritairement tournés vers le secteur immobilier, aujourd’hui en voie de saturation, un cadre réglementaire attractif et des mesures incitatives pourraient sans aucun doute réorienter l’investissement vers des secteurs plus porteurs. oumar.fedior@lesoleil.sn