Au-delà du budget de 130 milliards de FCfa, la campagne agricole 2025-2026 s’accompagne d’un certain nombre d’innovations. De l’introduction du « Bulk Procurement Program » à la création d’un centre de coordination des opérations, en passant par le recrutement de 1.000 jeunes diplômés, entre autres, le gouvernement entend mettre toutes les chances de son côté.
Le ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Élevage (Masae) est pleinement mobilisé pour la campagne agricole 2025-2026. En plus du budget record de 130 milliards de Fcfa, plusieurs innovations ont été introduites pour maximiser les performances. D’abord, il y a l’introduction du Bulk Procurement Program (Bpp), une réforme de grande envergure mise en œuvre pour la première fois à grande échelle durant cette campagne.
« Ce mécanisme d’achat groupé permet au Masae, avec l’appui du ministère des Finances, d’engager des négociations directes avec les fournisseurs à l’échelle internationale, aboutissant à des économies substantielles estimées à près de 2 milliards de Fcfa sur l’urée », explique une note du Masae. Selon les services du ministre Mabouba Diagne, les premiers résultats sont déjà visibles. Une commande globale de 73.000 tonnes d’urée a été effectuée, pour un besoin estimé à 60.000 tonnes. À ce jour, 33.000 tonnes ont été réceptionnées au Port autonome de Dakar, 15.000 tonnes sont disponibles dans les magasins régionaux, tandis que 25.000 tonnes sont en cours d’acheminement. En outre, le Bpp a permis de réduire le prix moyen à l’importation.
« Le Bpp a été mis en œuvre dans une logique de solidarité nationale, avec une répartition des quotas entre fournisseurs nationaux et étrangers, tout en assurant une livraison équitable et ponctuelle dans toutes les zones agroécologiques », souligne le ministère. Autre innovation : la création du Centre de coordination des opérations (Cco). Cette structure permanente a été mise en place pour assurer la supervision quotidienne des opérations de mise en place des intrants agricoles subventionnés. Elle regroupe la Cellule logistique, les directions techniques, les services déconcentrés, les Forces de défense et de sécurité ainsi que les partenaires privés. « Il fonctionne tous les jours de 8h à 20h en semaine, et de 11h à 17h le week-end », précise le Masae. Ce mécanisme vise à renforcer la transparence et la réactivité dans un contexte de logistique agricole souvent complexe.
Digitalisation de la distribution des intrants
La digitalisation constitue une autre avancée majeure. Une phase pilote a été lancée dans deux départements : Tivaouane et Nioro. Elle repose sur l’enrôlement des producteurs via tablette, l’édition de lettres de voiture électroniques et le suivi numérique des cessions. À ce stade, le Masae indique que : 41.210 producteurs ont été enrôlés ; 164 acteurs ont été formés (agents Masae, commissions, opérateurs) ; 142 lettres de voiture ont été digitalisées ; 59 opérateurs ont été enregistrés. Un système d’alerte intégré et des comités de réclamation ont également été mis en place. « Ce système marque une rupture avec les pratiques manuelles passées. Il vise une généralisation progressive dès la prochaine campagne, avec des adaptations selon les réalités régionales », mentionne-t-on.
Le projet Aaap pour la filière maïs Pour la filière maïs, le projet Aaap (Accelerated Agricultural Adaptation Program) a été lancé. Il s’agit de tester un modèle intégré dans la zone d’Anambé, avec les éléments suivants : 200 hectares emblavés, répartis entre 200 producteurs sélectionnés ; des semences hybrides et des engrais fournis par le Masae ; un dispositif de contractualisation pour garantir l’achat du maïs par les industriels (alimentation animale, amidonnerie, etc.) Une mission d’évaluation est prévue, avec des recommandations en vue d’étendre le modèle à d’autres filières (riz, mil, sorgho). «Ce projet constitue un prototype de transformation agricole territorialisée, fondé sur la contractualisation et le numérique», signale le Masae.