La campagne de contre saison chaude 2025 a connu des rendements records dans la vallée du fleuve Sénégal. Avec une production de paddy estimée à 420.000 tonnes, elle dépasse largement les attentes et renforce davantage l’espoir pour l’atteinte de l’autosuffisance alimentaire au Sénégal.
PODOR- Le climat de l’hivernage est pratiquement chaud dans toute la vallée. Dans les champs, on s’apprête à dérouler la campagne normale de la culture du riz, après la contre saison chaude, qui vient de s’épuiser, avec des rendements très importants. Les champs grouillent de monde qui épande les engrais, pour donner tonus et forces aux jeunes pousses, après le repiquage. Dans le Walo et le Dieri, les silos sont pleins, et les rizeries tournent à plein régime. L’espoir est grand, car la campagne a tenu ses promesses. Les efforts consentis dans les divers casiers, le long de la vallée du fleuve Sénégal sont payants. Le sourire est au rendez-vous cette année, chez ces forçats de la terre, qui entrevoient l’avenir en couleur. En effet, l’année 2025 a été faste pour les producteurs de riz. La Société d’aménagement et d’exploitation des terres du Delta du fleuve Sénégal (Saed) affiche avec une performance exceptionnelle de 420000 tonnes, pour la campagne rizicole, contre environ 343 000 tonnes en 2024. Une récolte qui dépasse les prévisions, des rendements dopés par des réformes, une autosuffisance alimentaire, en ligne de mire.
Semences de qualité, soutien de l’État
Des résultats obtenus grâce à des facteurs et pas des moindres. Il y a d’abord la modernisation des infrastructures. Il s’agit de la remise à niveau des équipements de pompage, de l’amélioration du service de l’eau dans les périmètres, de l’entretien des canaux et axes d’irrigation. A cela s’ajoute une adhésion accrue des producteurs.
Dans certains périmètres du département de Podor, un taux d’emblavement de près de 99,4 % a été noté pour la contre-saison. Ce qui témoigne de la motivation des riziculteurs, en parfaite synergie avec la Saed. La réussite de cette campagne 2025 repose sur des stratégies réfléchies, et des choix opportuns. Les producteurs ont, dans leur grande majorité, fait confiance à des variétés adaptées comme le Sahel‑108, Sahel‑177 ou encore le Sahel‑202.
Une production de qualité qui rend le produit local compétitif, par rapport au riz importé. L’autre facteur ayant contribué au rendement enregistré dans la vallée est l’accompagnement constant de l’État du Sénégal. Grâce à sa politique agricole, les agriculteurs bénéficient de crédits agricoles, de subventions d’engrais et d’accompagnement technique. A la veille de la campagne, le président de République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, avait fait le déplacement pour s’imprégner des problèmes et apporter des solutions. Fort de ses efforts constants, le gouvernement demeure plus que jamais convaincu que l’objectif de souveraineté alimentaire n’est qu’à porter de main.
A en croire Alassane Bâ, général de la Saed, ce pari peut être relevé, si les réformes se poursuivent, mais également si les moyens humains, matériels et financiers sont maintenus. Dans ce sens, les perspectives sont prometteuses. Les acteurs plaident pour une extension des superficies et lutte contre les parasites, l’amélioration génétique, la qualité des semences et des intrants. De plus, souligne le Dg de la Saed, pour expliquer cette embellie, des moyens ont été dégagés pour mettre la ressource hydraulique à la disposition des populations, à travers le curage et le faucardage des chenaux, la lutte anti-aviaire, etc. Mais, poursuit Alassane Ba, le dernier élément est cet apport décisif, reste « la mise à disposition de moissonneuses batteuses en quantité pour aider les producteurs ».
Les riziculteurs de Podor saluent une campagne historique
La campagne rizicole de contre-saison chaude 2025 restera dans les mémoires. Avec 420 000 tonnes de paddy récoltées, la vallée du fleuve Sénégal signe un record de production. Un exploit collectif que saluent les producteurs, pleinement impliqués dans cette réussite.
PODOR- Ça sent l’abondance dans la vallée du fleuve Sénégal, plus précisément à Podor. En effet, la campagne de contre saison chaude de riz a battu tous les records, au grand bonheur des producteurs. « Pour cette campagne, nous avions emblavé une centaine d’hectares. Globalement, les rendements sont satisfaisants. Cela fait des années que n’avons pas connu une telle situation. Nous rendons grâce à Dieu », s’est félicité Souleymane Sall, président de l’Union Doué. Dans cette cuvette du département de Podor, les rendements sont particulièrement bons. Ils varient entre 9 et 7 tonnes à l’hectare. « Ce résultat s’explique par une bonne planification de la campagne, mais aussi de l’arrivée à temps des intrants. Contrairement aux précédentes années, avons eu des semences de bonne qualité et l’engrais nous a été livré au bon moment », a expliqué le président de l’Union Doué. Des résultats similaires sont notés à Ndioum, Taredji ou encore Aéré Lao. A l’arrêt, depuis 2019, la cuvette de Ndioum a enregistré des rendements records.
Là également, les producteurs saluent les bonnes dispositions prises en amont. « Cette campagne a été une réussite sur tous les plans. Recevoir les intrants à temps a été l’élément clé. Et si nous voulons aider les producteurs, il faut toujours prendre les devants », a estimé Magoum Ndiaye, producteur basé à Ndioum. La SFA, une solution aux problèmes des producteurs La production record de paddy dans la vallée profite largement à la Société sénégalaise de filières alimentaire (Sfa). Lors d’une récente visite dans le nord du pays, son directeur général s’est félicité d’une telle prouesse. Selon Assane Koffi, pour la première fois, l’usine de transformation de riz a réussi à collecter 20.000 tonnes de paddy chez les producteurs de riz de la vallée. Ce qui représente une augmentation de 7.000 tonnes, par rapport aux années précédentes. Une abondance de la matière première matérialisée par les magasins de l’usine remplis et des tentes bâches utilisées pour contenir le stock. A en croire le DG de la SFA, l’usine est en mesure de fonctionner toute l’année afin de répondre à la demande croissante du marché local. Dans ses perspectives, la SFA prévoit d’augmenter sa capacité de transformation pour atteindre les 60.000 tonnes. Dans la vallée du fleuve Sénégal, on aborde l’avenir avec beaucoup d’optimisme. Cela passera par consolider les acquis et performance de la campagne 2025, afin d’être en phases avec les objectifs de souveraineté alimentaire.
Une synergie gagnante avec la Saed
Dans ces localités du département de Podor, les producteurs n’ont pas ménagé leurs efforts. Grâce à un taux d’emblavement avoisinant les 100 %, la mobilisation a été totale. Ce qui traduit une forte adhésion aux réformes engagées par la Saed et les autorités. « Nous avons semé tôt, nous avons bien suivi les conseils techniques. Mais nous avons surtout eu de l’eau à temps », témoigne un autre producteur de Ndioum. La réussite de cette campagne est aussi le fruit d’un partenariat renforcé entre les producteurs et la Saed. En effet, cette dernière a modernisé les infrastructures hydrauliques, et renforcé l’encadrement technique. À Aéré, les exploitants saluent la réhabilitation des canaux d’irrigation, et la régularité du service de l’eau, deux facteurs essentiels à la réussite de leurs cultures. Fort de cette performance, les producteurs appellent à la poursuite des efforts, notamment dans l’accès au crédit, l’amélioration des semences et la lutte contre les parasites. « Nous savons désormais que l’autosuffisance alimentaire est possible si les moyens sont là », estime Oumar Bâ, membre d’un groupement de riziculteurs de Ndioum. Pour le président de l’Union Doué, ces rendements dans la vallée témoignent que, s’ils sont aidés, les producteurs peuvent bel et bien nourrir le Sénégal. » C’est bien possible et nous demandons juste des moyens et un accompagnement constant. Nous avons la chance d’avoir des conseillers agricoles dévoués qui nous guident au quotidien. Si nous avons des semences de qualité, de l’engrais à temps et plus de formations pour les acteurs, nous pouvons relever le défi de l’autosuffisance alimentaire », a ajouté Souleymane Sall. À Aéré Lao, Ndioum, Taredji ou encore Guédé Chantier, et dans toute la vallée, l’heure est à l’optimisme. Ce record de production donne un nouvel élan à la filière rizicole. Il confirme également que la souveraineté alimentaire du Sénégal n’est plus un rêve lointain, mais une réalité en construction. A tous ces efforts, rappelle Pape Sandir Diéye, un producteur, la subvention du paddy de 3,2 milliards de FCfa, octroyée par l’Etat.
Mamadou THIAM (Correspondant)