L’ancien cadre du Fonds monétaire international (Fmi), Peter Doyle, signe une charge sévère contre l’ex-président Macky Sall, l’accusant d’avoir contribué à une “catastrophe” économique et morale au Sénégal.
Dans une tribune au titre sans détour – « La honte du Fmi : Le Sénégal », l’économiste américain Peter Doyle, ex-cadre senior du Fonds monétaire international (Fmi) ayant démissionné en 2012 pour dénoncer les défaillances internes de l’institution, s’en prend violemment à la gestion économique du Sénégal sous Macky Sall et à la complaisance du Fmi.
Il accuse l’institution de Washington d’avoir “fermé les yeux” sur une “tempête de crédit principalement d’origine locale”, non détectée par ses équipes, alors même que le pays faisait des découvertes majeures d’hydrocarbures. “Cette longue tempête de crédit a fait suite à un épisode similaire au Mozambique en 2016”, écrit-il, rappelant qu’en 2018 déjà, “l’opposition – dont l’actuel Premier ministre – avait alerté sur la falsification des données. Mais en vain.”
Selon M. Doyle, cette inertie a permis la dissimulation de graves déséquilibres financiers. Il fustige notamment “l’absence totale de sanctions” à l’égard des responsables. “Aucun des fonctionnaires impliqués, dont la plupart occupent toujours leur poste et couvrent leurs traces, n’a été sanctionné », a-t-il martelé.
L’ancien cadre du Fmi réserve ses mots les plus durs à Macky Sall, qu’il accuse d’avoir “orchestré la catastrophe” tout en restant “le bienvenu dans les plus hauts cercles diplomatiques internationaux.” Et d’asséner: “Il faut mettre fin à l’absurdité qui consiste à voir l’ancien président Sall se pavaner sur la scène internationale en tant qu’éminence grise après avoir présidé à ce désastre ; il devrait être considéré comme un paria.”
L’économiste épingle aussi son ancienne maison, coupable selon lui de “dissimulation sémantique”.
Le Fmi, écrit-il, “qualifie tout cela de ‘fausse déclaration’, alors qu’il s’agit d’une dissimulation pure et simple”. Pour Doyle, “le personnel du Fmi est tenu de garantir la véracité des données, et non de se cacher derrière les assurances d’autrui.”
S.GUEYE