En marge de l’inauguration du nouveau service de Contrôle régional des finances (CRF) de Ziguinchor, ce jeudi 19 juin 2025, le ministre des Finances et du Budget, Cheikh Diba, a tenu un discours à la fois institutionnel et politique.
ZIGUINCHOR – Dans un contexte de controverse autour de la gestion de la dette publique et des relations avec le FMI, le ministre a apporté des éclaircissements fermes, rassurant sur la trajectoire budgétaire du pays. Une sortie attendue, marquée par une volonté affichée de restaurer la confiance et la crédibilité de la gouvernance financière.
C’est à Ziguinchor, dans le Sud du Sénégal, que le ministre des Finances et du Budget, Cheikh Diba, a choisi de livrer une mise au point très attendue. Officiellement en déplacement pour inaugurer le nouveau service de Contrôle régional des finances (CRF), il a saisi cette tribune pour répondre, sans détour, à la polémique grandissante autour de la dette publique et de la gestion budgétaire de l’État. « Ce que nous inaugurons aujourd’hui, ce n’est pas qu’un bâtiment », a lancé Cheikh Diba en ouverture. « C’est un cap : celui d’un État de proximité, d’un service public plus efficace, plus équitable », a-t-il poursuivi. Mais, derrière ce discours institutionnel, une autre urgence s’est imposée : celle de rétablir la vérité sur l’état des finances publiques.
Une réponse ferme à la polémique sur la dette
Depuis quelques semaines, des chiffres approximatifs et des interprétations jugées « erronées » circulent dans les médias et sur les réseaux sociaux. Ils évoquent une « dette cumulée inquiétante » pour 2024-2025 et soupçonnent une gestion opaque des ressources publiques. Des allégations que le ministre des Finances et du Budget a catégoriquement réfutées. « Le Gouvernement conduit une politique d’endettement responsable, cohérente et conforme à nos engagements internationaux », a martelé Cheikh Diba. Il a précisé que « les ressources mobilisées servent prioritairement à soutenir l’investissement productif, les infrastructures et la transformation de notre économie ».
Cheikh Diba a reconnu l’existence d’écarts entre les données officielles de 2019 à 2024 et les résultats de l’audit de la Cour des comptes, à l’origine de la suspension temporaire des décaissements du Fonds monétaire international (FMI) dans le cadre de l’accord de juin 2023. Mais il a tenu à rappeler que cette suspension n’est ni un désaveu ni une sanction. « Elle permet une évaluation approfondie de la situation et la définition d’un nouveau programme réaliste, sur la base des priorités de développement du Sénégal », a-t-il insisté.
Un cap nouveau : gouvernance responsable et transparence
Dans cette perspective, l’État sénégalais prépare un nouveau Programme économique et financier, en lien avec le référentiel Sénégal 2050. Ce programme vise, selon le ministre, à remédier aux insuffisances de la gestion budgétaire passée, à restaurer la crédibilité des finances publiques, et à inscrire la gouvernance financière dans une dynamique de rigueur, de performance et d’inclusivité territoriale. La Loi de finances rectificative 2025 (LFR) est en cours d’élaboration, en cohérence avec le Document de programmation budgétaire et économique pluriannuelle (DPBEP) 2026-2028.
En inaugurant ce nouveau centre régional à Ziguinchor, Cheikh Diba a voulu matérialiser la volonté du Gouvernement d’amener l’administration au plus près des citoyens. « Ce joyau architectural n’a de sens que s’il devient un levier de performance, un outil au service d’un service public plus réactif et plus juste », a-t-il déclaré. Cheikh Diba a profité de l’occasion pour saluer le travail rigoureux des services régionaux de Ziguinchor, qu’il a invités à maintenir leur « dynamique de sérieux et d’efficacité ».
Une pierre de plus dans l’édifice de la transparence
Le message est clair : au-delà de la coupure symbolique du ruban, c’est un nouveau contrat de confiance que l’État veut sceller avec les citoyens. Dans un contexte où la gouvernance financière est scrutée de près, Cheikh Diba a tenu à envoyer un signal fort : « Ce que nous faisons aujourd’hui, ce n’est pas seulement inaugurer un bâtiment ; c’est poser une pierre dans l’édifice d’une administration moderne, au service du territoire et des populations. »
Par cette sortie maîtrisée, le ministre tente de reprendre la main sur le récit financier du pays. En s’appuyant sur les principes de transparence, de responsabilité et de proximité, il cherche à dissiper les zones d’ombre et à restaurer la confiance. Une tâche de longue haleine, dans un contexte où chaque mot pèse désormais sur les équilibres économiques et politiques.
Par Gaustin DIATTA (Correspondant)