Dans son ouvrage intitulé : « Chômage et emploi au Sénégal : analyses critiques et solutions pratiques », Dr Codé Lô met en lumière le déséquilibre structurel du marché du travail et propose 41 pistes de solution pour juguler ce fléau.
Le secteur informel représente 41 % du Pib du Sénégal. Il abrite 97 % des unités économiques et près de 50 % des actifs occupés. Toutefois, il n’est pas structuré. C’est l’une des nombreuses données soulignées par Dr Codé Lô, également directeur des Études, de la planification et du suivi évaluation à la Délégation générale à l’entrepreneuriat rapide des femmes et des jeunes (Der/Fj). Il ne s’est pas contenté d’un simple constat dans son ouvrage intitulé : « Chômage et emploi au Sénégal : analyses critiques et solutions pratiques ». Il consigne ses recherches et propose des solutions concrètes. L’ouvrage a été présenté jeudi 24 avril 2025 aux Presses universitaires de Dakar (Pud). Dr Lô met en lumière un déséquilibre structurel du marché du travail. Chaque année, environ 300.000 jeunes arrivent sur le marché, dit-il, tandis qu’en 2023, seuls 61.000 contrats de travail ont été visés par les services compétents.
Ce décalage montre, selon lui, l’incapacité de l’emploi formel et salarié à absorber cette main-d’œuvre croissante. Face à cette réalité, l’auteur soutient que l’entrepreneuriat s’impose comme une alternative incontournable, mais pas n’importe lequel. Il suggère donc un entrepreneuriat de masse, susceptible d’intégrer un grand nombre de jeunes. Codé Lô affirme que les secteurs à fort potentiel ne manquent pas au Sénégal. Il s’agit, liste-t-il, de l’agriculture, du tourisme, du numérique, de l’artisanat, etc. Ce déséquilibre est également révélateur d’un problème d’employabilité. Selon M. Lô, le système éducatif et de formation actuel est déconnecté des réalités du marché. Les contenus pédagogiques ne correspondent ni aux exigences du monde du travail ni aux compétences recherchées par les employeurs.
Autre frein : un secteur privé trop fragile, peu compétitif et peu dynamique. L’auteur préconise son implication dès la conception des stratégies nationales de l’emploi et l’amélioration de son environnement pour favoriser son développement. Par ailleurs, il pointe la dispersion des politiques publiques liées à l’emploi et appelle de ses vœux la mise en place d’un cadre harmonisé et coordonné à travers une stratégie nationale d’emploi, un meilleur système d’information sur le marché du travail ainsi que la création d’un observatoire du marché du travail, instance de dialogue et d’orientation. Dans la préface de l’ouvrage, le Professeur de Sociologie Abdou Salam Fall insiste sur l’enjeu crucial du bonus démographique : plus de 50 % de la population sénégalaise est jeune, dont 47 % sont âgés de 15 et 24 ans et sont sans emploi, ni formation, ni éducation. Codé Lô d’alerter : « Si l’on échoue à insérer massivement cette jeunesse, le dividende démographique ne sera pas un levier de développement, mais un facteur de déstabilisation avec des risques accrus de criminalité et d’insécurité. Si le secteur informel demeure un filet de sécurité, il reste un réceptacle précaire ». Dès lors, il propose de l’accompagner dans sa transition vers le formel en le modernisant. Cela passe par des mécanismes de financement adaptés, des produits financiers sur mesure et une meilleure structuration.
Moussa SECK