Dans le cadre de la lutte contre l’émigration clandestine et l’exode rural, le ministère de l’Agriculture, de l’Élevage et de la Souveraineté alimentaire, à travers l’Agence nationale d’insertion et de développement agricole (Anida), a initié la création de Coopératives agricoles communautaires (Cac). Celles-ci ont pour objectif d’établir des fermes agricoles intégrant une gestion maîtrisée de l’eau dans les zones rurales. Cette initiative a rencontré un franc succès dans la commune de Taïf, située dans le département de Mbacké.
C’est l’une des quatre Coopératives agricoles communautaires (Cac) qui ont vu le jour depuis l’arrivée à la tête de l’Anida, il y a six mois, du directeur Sémou Diouf. Mais Taïf a un avantage comparatif car les perspectives s’annoncent prometteuses. Une visite sur le site permet de constater des résultats probants même si, sur 20 hectares, seulement 10 hectares sont actuellement exploités. Les cultures en place incluent la pastèque, le gombo, l’aubergine et le poivron. Les travailleurs, engagés dans leur première campagne, poursuivent activement les emblavures à travers des semis et des repiquages. À proximité, les pépinières sont prêtes à garantir une mise en valeur continue de l’espace. Ces coopératives agricoles s’inscrivent en droite ligne des missions de l’Anida créée en 2008 et l’une consiste à établir des exploitations agricoles intégrant une gestion optimale de l’eau afin de favoriser l’emploi en milieu rural. Cette initiative vise à combattre des problématiques telles que l’émigration clandestine, l’exode rural et la pauvreté.
Depuis l’arrivée des nouvelles autorités, l’Anida a connu un véritable renouveau. Cela a donné naissance à l’initiative de création de coopératives agricoles communautaires (Cac) qui seront implantées dans tout le pays. Celle de la commune de Taïf est la deuxième à être établie sous la direction du nouveau directeur général, Sémou Diouf. Selon Abdoulaye Faye, coordonnateur de l’Anida pour la zone centre — qui englobe les régions de Diourbel, Kaolack, Fatick et Kaffrine — cette nouvelle coopérative s’inscrit dans un cadre plus large de développement. Il précise que la supervision est assurée par des conseils agricoles, mis en place à la suite d’une formation dispensée aux bénéficiaires, sous l’œil attentif des autorités locales. Chaque Cac est associée à l’établissement de fermes agricoles de 20 hectares, réparties sur dix sites distincts. Ce qui distingue la commune de Taïf, c’est l’expérience déjà acquise dans ce domaine. En effet, grâce au Projet d’appui régional à l’irrigation au Sahel (Paris), quatre fermes agricoles ont déjà vu le jour, dont celle de Touba Naba. Pour répondre aux exigences de production, l’Anida a déployé d’importants efforts afin d’optimiser la gestion de l’eau. Elle s’est ainsi attelée à garantir une activité de production tout au long de l’année.
Cet objectif a été atteint grâce à l’installation d’un forage dont le débit dépasse 50 m³ par heure, fonctionnant à l’énergie solaire. «On n’utilise pas de carburant, on n’utilise pas d’électricité, mais l’énergie provient du solaire grâce à un champ solaire, ce qui réduit les coûts de production », explique Abdoulaye Faye. Selon lui, l’irrigation goutte-à-goutte se fait à partir d’un unique bouton situé à la station de pompage, permettant une distribution homogène de l’eau sans difficulté. Ainsi, les travailleurs peuvent se concentrer sur des tâches comme le désherbage et la récolte. Concernant l’emploi, chaque hectare exploité nécessite directement quatre personnes. Il existe également des emplois indirects, notamment en période de récolte, où des travailleurs supplémentaires sont recrutés, ainsi qu’en cas d’enherbement. Lota Gadiaga, l’une des femmes travaillant à la ferme de Touba Naba depuis sa création, il y a trois mois, exprime sa satisfaction. Elle indique que plus de soixante personnes, majoritairement des femmes, y travaillent. « Vraiment, l’Anida nous a aidées à trouver un emploi, car auparavant, nous ne savions pas quoi faire », confie-t-elle avec gratitude envers les nouvelles autorités.
Selon elle, le travail n’est pas difficile. Elles se sont organisées en groupe et les tâches sont équitablement réparties. Moustahine Niang, un autre employé, explique que leurs tâches consistent principalement à désherber et à appliquer du fumier, entre autres. Il précise que le travail n’exige pas un gros effort. Leur journée commence à 9 heures et se termine à 11 heures ; en soirée, ils arrosent les pépinières. Pape Top, habitant du village de Keur Baba et président de la Cac de la commune de Taïf, exprime sa profonde gratitude envers le directeur général de l’Anida et son équipe. D’après lui, la création de fermes agricoles est une solution efficace contre le chômage local. « Elle possède une valeur inestimable », affirme-t-il, soulignant que de nombreux jeunes ont pu décrocher un emploi grâce à ces exploitations. Il félicite également le maire de la commune pour ses efforts dans l’implantation du projet. Il invite la jeunesse à s’unir pour obtenir des résultats éclatants, précisant que l’Anida est en passe de résoudre la question de l’autosuffisance alimentaire au Sénégal. Dans le cadre de cette initiative, l’Anida a déjà établi quatre fermes à Taïf, portant à quatorze le nombre total de fermes prévues dans la localité. Les dix nouveaux sites ont été identifiés et les délibérations approuvées par les autorités administratives. La Banque mondiale a également donné son accord pour le financement du projet, à hauteur de 3,6 milliards de Fcfa.
Une approche inclusive magnifiée
La mise en place des coopératives agricoles communautaires repose sur une approche participative. Une démarche que le maire de Taïf, Mbaye Tine a salué tout en exprimant sa gratitude envers l’Anida pour son accompagnement à chaque étape, de l’identification des sites à leur implantation. Il a félicité les équipes, notamment la zone centre dirigée par Abdoulaye Faye, pour leur travail remarquable. « Il cherche les voies et moyens pour assurer le succès des fermes », dit-il, notant l’intérêt croissant des populations pour les Cac. Située à seulement 30 km de Touba, deuxième marché du pays, la commune de Taïf pourrait tirer un grand bénéfice de ce projet. «Je pense que notre production ne peut même pas satisfaire la demande de Touba», dit-il. Il rappelle avoir délibéré 220 hectares pour les dix sites agricoles.
Avec les quatre fermes déjà en place, ce projet permettra, selon lui, de mailler toute la commune, en équipant chaque recoin d’une ferme. Cela offrira de nombreux emplois, chaque ferme pouvant accueillir jusqu’à 80 travailleurs. Il estime que la collaboration entre l’Anida et les communes améliorera significativement les rendements. «Les nouvelles autorités visent la souveraineté alimentaire», insiste-t-il, précisant que cela doit commencer au niveau local. Pour ce faire, il œuvre à faciliter l’accès à la terre. Une campagne de sensibilisation réussie lui a permis d’accéder facilement au foncier. « Je n’ai eu aucune difficulté à obtenir 220 hectares », dit-il, rappelant que les premières fermes ont vu le jour sans problèmes fonciers. Il souligne également la progression du projet : « Nous avons commencé avec 5 hectares, puis 15, et maintenant 20 ». Les Cac représentent, selon lui, une nouvelle vision essentielle : elles créent une synergie entre producteurs. « Elles permettent d’interconnecter les fermes », explique-t-il, ajoutant que les travailleurs, auparavant isolés, sont désormais en réseau.
La coopérative sert d’interface entre l’Anida, la commune et les exploitations, renforçant ainsi la dynamique collective. Profitant de l’occasion, le maire a invité la Der/FJ et d’autres institutions à soutenir ces initiatives. Il propose de coupler agriculture et élevage. « Avec l’énergie solaire, on peut ajouter un grand poulailler », suggère-t-il, notant que les travailleurs sont déjà formés à l’entrepreneuriat et bien organisés. Il est également important de souligner que, dans le cadre de cette nouvelle vision, l’Anida met en place des Coopératives d’Utilisation du Matériel Agricole (Cuma). Ces coopératives, destinées aux jeunes, prévoient une formation préalable avant la mise à disposition d’équipements (tracteurs, etc.). Les jeunes offriront ainsi des services aux fermes tout en restant ancrés dans leurs communautés et en accédant à des emplois décents.
Birane DIOP (MBACKE – Correspondant)