L’approvisionnement en carburant du Mali devient un véritable casse-tête. Le transport et plusieurs autres activités économiques sont au ralenti. Le Sénégal, l’un de ses principaux fournisseurs, risque d’être pénalisé, vu la taille de ses échanges commerciaux avec ce pays frontalier.
Depuis des semaines, le Mali est confronté à un réel problème d’approvisionnement en carburant causé par des mouvements armés qui cherchent à installer un blocus pour empêcher le ravitaillement du pays en hydrocarbures. Ce qui n’est pas sans conséquence sur le plan économique ainsi que la mobilité des personnes et des biens. À cause de cette crise, le transport au Mali est au ralenti, la production d’électricité au point mort, le ravitaillement des grandes villes en carburant devenu mission impossible et les industries qui utilisent le carburant paralysées. Il y a quelques jours, le ministère malien de l’Éducation nationale et celui de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique annonçaient dans un communiqué conjoint la suspension des cours, du 27 octobre au 9 novembre 2025, sur l’étendue du territoire malien. Une situation qui témoigne de la gravité de la crise.
Selon Serigne Ousmane Bèye, économiste et enseignant, à défaut de carburant, les impacts et les conséquences sont notoires avec des coupures d’électricité fréquentes. Dans ce contexte, l’économiste estime que le Sénégal, l’un des principaux fournisseurs de carburant au Mali, est directement impacté. « Ce qui se passe actuellement est extrêmement grave. Les jihadistes ont tenu un point sensible et je trouve qu’ils ne lâcheront pas prise. Maintenant, aux autorités maliennes de juguler ce problème en privilégiant les concertations, pour l’intérêt de leur peuple, afin d’éviter de sombrer économiquement », déclare-t-il. D’après M. Bèye, si cette situation perdure, l’État malien risque de s’écrouler. Elle risque, en effet, de perturber l’économie dans la sous-région et le Sénégal ne sera pas en reste. Selon lui, avec cette crise, le Mali perd, mais le Sénégal aussi. L’économiste affirme que les exportations de notre pays vers son voisin risquent de chuter. « En dehors du carburant, le Sénégal exporte beaucoup d’autres produits vers le Mali qui est un grand marché pour lui. Nos exportations vers ce pays comptent sur la balance commerciale du Sénégal. Du coup, cette situation n’arrange pas le Sénégal et risque d’avoir des retombées négatives sur nos transactions commerciales avec le Mali », soutient-il, avant de rappeler l’urgence pour le Sénégal et les autres pays de la Cedeao à assister Bamako, pour que la paix puisse revenir dans l’intérêt de tous.
Le transit Mali-Sénégal est connu pour être un grand réseau de ravitaillement pour les commerçants sénégalais et maliens avec des camions gros porteurs qui enchaînent les voyages sur le corridor Dakar-Bamako. Mais, la crise semble freiner cet élan. Cependant, selon un responsable des transporteurs du Sénégal, qui souhaite garder l’anonymat, le manque de carburant n’a pas affecté les transporteurs sénégalais, pour le moment. À l’en croire, la consigne qu’ils ont donnée aux chauffeurs sénégalais est toujours de se ravitailler à suffisance avant de prendre la route.
Bada MBATHIE

