Dans le cadre de l’Agenda de transformation Vision 2050, le Sénégal entend bâtir une économie plus autonome et compétitive, fondée sur la valorisation de ses ressources naturelles.
Au cœur de cette ambition, le programme des hydrocarbures occupe une place stratégique. L’objectif est de faire du pétrole et du gaz un levier de souveraineté énergétique, de transformation industrielle et de création massive d’emplois.
L’indépendance énergétique en ligne de mire
Alors que le Premier ministre Ousmane Sonko a annoncé une baisse dans les prochaines semaines des prix de l’électricité, du pétrole et gaz L’exploitation du gaz et du pétrole découverts au large du Sénégal ouvre une ère nouvelle. La substitution du fuel, du gasoil et du charbon importés par du gaz naturel sourcé localement permettra d’alimenter les centrales thermiques du pays. Ce basculement vers une énergie nationale réduira considérablement le coût du kilowattheure et l’empreinte carbone de la production électrique. Cette politique, inscrite dans la stratégie “Gas to Power”, vise à offrir une énergie propre, accessible et compétitive à l’ensemble des ménages et des entreprises.
Pour concrétiser cette vision, l’État mise sur la construction d’un vaste réseau de pipelines destiné à transporter le gaz des zones de production vers les centrales de la SENELEC et les unités industrielles du pays. La mise en service du Réseau gazier du Sénégal (RGS) constituera une étape clé pour sécuriser l’approvisionnement en gaz, en particulier pour la centrale de Gandon portée par la société Ndar Énergies. Les turbines de cette centrale ont d’ailleurs été réceptionnées ce mardi au Port autonome de Dakar par le ministre du Pétrole, de l’Énergie et des Mines, Birame Souleye Diop. Cette avancée marque un tournant décisif dans la mise en œuvre d’un projet stratégique destiné à réduire durablement le coût de l’électricité au Sénégal et à soutenir l’essor des futures zones industrielles.
Une industrie pétrochimique nationale en gestation
Au-delà de la production, le gouvernement entend ériger une véritable industrie en aval de la chaîne de valeur. Le programme prévoit la création d’une ville énergétique et pétrochimique à Ndayane, la “Cité des Énergies”, adossée à la Zone économique spéciale et au Port en eaux profondes. Ce futur pôle industriel accueillera la nouvelle raffinerie SAR 2.0, une usine d’urée et, à terme, des complexes de méthanol et d’ammoniac bleu. L’ambition est double : répondre à la demande régionale en produits dérivés du pétrole et du gaz, tout en réduisant la dépendance aux importations. Ce projet structurant doit aussi générer des milliers d’emplois directs et indirects, favorisant ainsi la montée en puissance du tissu industriel national.
Pour soutenir cette transformation, l’État veut moderniser la gouvernance du secteur. Si le cadre juridique est déjà solide avec un code pétrolier, un code gazier et une loi sur le contenu local, l’exécution reste à renforcer. Depuis 2019, aucun nouveau bloc d’exploration n’a été attribué, freinant la dynamique d’investissement. La révision du dispositif légal et la redéfinition des rôles des structures comme la Commission de Régulation du Secteur de l’Énergie (CRSE) ou le Comité National de Suivi du Contenu Local (CNSCL) devraient permettre d’accélérer les décisions et de mieux coordonner les interventions publiques.
Le contenu local, clé de la valeur ajoutée nationale
La valorisation du contenu local est un autre pilier majeur du programme. Le Sénégal veut désormais maximiser la part de valeur créée sur son territoire par les projets pétroliers et gaziers. Cela passe par une révision de la cohérence entre les différentes lois, un renforcement de la formation professionnelle (notamment avec des centres de certification comme BOSIET), et un meilleur suivi des entreprises pour garantir la conformité.
Les sociétés opérant dans le secteur devront démontrer leur contribution à la création de valeur nationale : partenariats avec des entreprises locales, recours à la sous-traitance nationale, recrutement et formation de la main-d’œuvre sénégalaise, ou encore utilisation de fournisseurs domestiques. Un système de notation et de certification sera instauré pour évaluer les efforts réels des entreprises en matière de contenu local, leur donnant ainsi un avantage compétitif lors des appels d’offres.
Des chantiers structurants pour la Vision 2050
Trois grands projets phares symbolisent cette dynamique. D’abord, le Réseau gazier du Sénégal (RGS), essentiel pour la distribution du gaz local aux industriels et producteurs d’électricité. Ensuite, l’accélération de la mise en production du champ gazier Yakaar-Teranga, qui doit assurer un approvisionnement stable pour la demande nationale. Enfin, la création de la Cité des Énergies à Ndayane, future vitrine de la souveraineté industrielle et énergétique du Sénégal.
Ces chantiers traduisent la volonté du pays d’allier attractivité, compétitivité et durabilité. Ils dessinent un avenir où les hydrocarbures ne seront pas une simple rente, mais le socle d’un développement économique inclusif et équilibré.
Par Cheikh Gora DIOP


