Messieurs les Président de la République et Premier Ministre,
Par lettres en date du 07 et 08 Avril 2025, faisant suite à l’entretien que le Président de la République avait accordé à la presse nationale, au cours duquel il dénonçait la gestion peu responsable des entreprises publiques et parapubliques. Je vous avais interpellé respectivement sur la situation pressante et précaire de la Poste, marquée par une tension de trésorerie insoutenable dont les causes remontent bien avant votre accession au pouvoir.
Le marasme économique que subit La Poste n’a rien de nouveau. En fait, l’avènement mars 2024 a coïncidé avec une situation déjà critique de l’entreprise, marquée entre autres, par un endettement de plus de 8,250 milliards de francs CFA, un effectif pléthorique avec un surplus de 1500 agents, pesant lourdement sur la masse salariale. Cette situation alarmante est en partie le résultat d’un recrutement fondé davantage sur du népotisme et du clientélisme politique que plutôt sur des critères de compétences avérés. Par ailleurs, les capitaux propres affichaient un solde négatif de 147 milliards de franc CFA, demandant une décision de recapitalisation.
Et si, malgré cette contre-performance dont les conséquences compromettent systématiquement la qualité de la signature de la direction générale de la Poste auprès des banques et systèmes financiers décentralisés, les anciens directeurs généraux d’alors parvenaient à honorer les accords collectifs d’entreprise, en accordant le 13e mois ainsi qu’en accordant diverses avances sur salaires notamment celle Tabaski, c’est que sous l’ancien régime, une avance sur la rémunération des prestations de services publics assurées par la Poste était accordée par le Trésor public. Cette faveur amplifiait davantage les déséquilibres financiers et creusait les retards de salaires.
Votre accession au pouvoir a suscité d’immenses espoirs chez les travailleurs de La Poste. En effet, celle-ci figure parmi les rares à avoir été mentionnés expressément dans le programme du Président Diomaye FAYE, avec notamment une vision ambitieuse : celle de créer une banque postale. De plus, le choix porté sur un directeur général chevronné issu de ses rangs a ravivé les espoirs, permettant d’initier des orientations stratégiques s’alignant avec l’Agenda National de Transformation Sénégal Vision 2050.
Par ailleurs, en l’espace d’une année, de nombreuses mesures opérationnelles ont été engagées notamment l’optimisation des coûts, la réduction des charges, la rationalisation des effectifs grâce à un audit du personnel. Ces mesures, bien que non exhaustives devraient permettre à La Poste, d’ici la fin de l’exercice, d’avoir des économies budgétaires de près de 500 millions de francs CFA. Ce qui servirait à soutenir l’exploitation ou atténuer les retards de paiement de salaires.
A ce stade où se trouve La Poste, même un homme providentiel ne saurait redresser cette entreprise sans un accompagnement tangible de l’État, notamment à travers le soutien à ses projets structurants. D’ailleurs, son plan stratégique 2025-2029, actuellement en cours de finalisation, prévoit notamment une offre globale de « Logistique Urbaine », une offre de « Digital Trust », un pôle public de bancassurance, ainsi qu’un programme de valorisation de son patrimoine foncier et immobilier. Ces initiatives visent à relancer efficacement les activités, afin de permettre à La Poste de retrouver sa place de leader et regagner la confiance des Sénégalais.
Cette vision moderne et ambitieuse de La Poste requiert des ressources financières substantielles pour concrétiser les actions qui en découlent. Par conséquent, l’État, détenteur à 100 % du capital social de La Poste, doit être son premier partenaire stratégique afin d’assurer la relance durable de cette entreprise multinationale.
Souleymane CISS,
Coordonnateur de l’ADEJ,
Membre de Diomaye Président.