Il est né avec un handicap, mais Demba Gadio alias «Elvis», 21 ans, est l’exemple type de la résilience. Aujourd’hui, ce jeune réparateur de téléphone portable dans son village natal Ndiaffane Sorokoum (Matam), est devenu incontournable dans la zone.
MATAM – Il marche difficilement, s’appuyant sur des béquilles pour rejoindre son lieu de travail. Il se nomme Demba Gadio, plus connu sous le pseudonyme de «Elvis». Ce jeune homme à mobilité réduite d’une vingtaine d’années environ est un réparateur de téléphone. Il habite à Ndiaffane Sorokoum, village situé dans le Dandé Mayo, dans la commune des Agnam (département de Matam). Le destin ne lui a pas fait de cadeau car il souffre d’un handicap depuis sa naissance. En grandissant, Demba ne pouvait plus se tenir sur ses deux pieds sans les béquilles. « J’ai fait mes humanités à l’école élémentaire de Ndiaffane Sorokoum», confie-t-il ajoutant qu’il était un élève brillant.
En effet, il était parmi les meilleurs de sa classe. Après son entrée en sixième et son certificat de fin d’études élémentaires, cet écolier est admis au collège d’enseignement moyen de Ndiaffane Sorokoum. Malgré son handicap, le collégien a su surmonter les obstacles pour décrocher son diplôme de fin de cycle moyen. Après avoir obtenu son brevet de fin d’études moyennes, sa passion pour les téléphones prit le dessus sur ses études. «Entre les téléphones portables et moi, c’est une très longue histoire. Je passais le plus clair de mon temps à manipuler les portables. C’était une véritable obsession», révéle Elvis. En effet, il avait un don inné pour débloquer ou régler les téléphones mobiles. Pourtant, il n’a reçu aucune formation dans ce domaine.
« Par curiosité, j’ai appris à résoudre les problèmes liés au réglage de téléphone», reconnaît Demba Gadio. Au fur et à mesure, les gens commençaient à solliciter ses services. Il a réussi à se faire un nom dans ce secteur parce qu’il est le seul à exercer ce genre de travail dans la zone. Conscient de la complexité des nouvelles technologies de l’information et de la communication, «Elvis» comprit qu’il fallait renforcer ses capacités. Chemin faisant, il prit la décision d’aller se faire former davantage pour bien maîtriser les contours de son métier. Aidé par son oncle, il partit à Dakar pour acquérir de nouvelles compétences.
« Quand je suis parti à Dakar, on m’a fait entrer dans un atelier de réparation», renseigne-t-il . Doté d’un esprit vif et méticuleux, il assimila très vite ses nouvelles leçons. «Par la suite, mon maître me confia de superviser l’atelier», dit fièrement ce jeune apprenti. En effet, il finit par gagner la confiance de son mentor. Ainsi, au bout de quelques mois, il prit le chemin du retour pour rejoindre son village natal afin d’y ouvrir son propre atelier. « Demba est un jeune très ambitieux et travailleur malgré sa condition. Et, il mérite d’être soutenu et accompagné pour qu’il prenne son envol», laisse entendre Thierno Abou Diacko. D’ailleurs, ajoute-t-il, c’est moi qui lui ai permis d’avoir un local pour démarrer ses activités. Besoin d’un financement Installé le long de la route, Elvis reçoit régulièrement les clients venant d’un peu partout. En effet, il ne se plaint pas car il arrive à tirer son épingle du jeu. «Je peux dire que je suis en train de réaliser ma vie grâce à mon job», raconte M. Gadio en remerciant vivement son oncle qui n’a ménagé aucun effort pour son épanouissement.
Pour lui, son handicap n’est point un obstacle mais une force lui permettant d’atteindre son objectif. «Je ne veux pas être un parasite qui vit aux dépens des autres. C’est pourquoi je ne me considère pas comme une personne vulnérable», soutient cet orphelin de père. «Grâce à mon métier de réparateur, avance-t-il, je gagne ma vie à la sueur de mon front». Il a également profité de cette occasion pour appeler ses concitoyens à cultiver le culte du travail pour pourvoir voler de leurs propres ailes au lieu d’attendre tout de l’État. Pour mener à bien son business, ce réparateur de téléphone a besoin d’un financement. C’est en ce sens qu’il a lancé un appel à l’endroit des bonnes volontés et des autorités. «J’ai des ambitions pour agrandir mon atelier, mais les moyens font défauts», fait-il remarquer ajoutant qu’il voulait participer au développement de son village natal.
Falel PAM (Correspondant)

