Après une décennie de mise en œuvre de l’Acte III de la Décentralisation, les collectivités territoriales sont toujours confrontées à la problématique du financement. Ainsi, les élus locaux invitent l’État central à adopter une politique de décentralisation des ressources financières comme le Budget consolidé d’investissement (Bci). Cela permettra de construire des écoles, des postes de santé et autres infrastructures sociales de base.
MBOUR- L’adoption de la loi n° 2013-10 du 28 décembre 2013 portant Code général des collectivités territoriales a acté la suppression des régions et l’érection des départements comme collectivités territoriales. Cette approche, appelée Acte III de la Décentralisation, s’est fixé pour objectif la formation de territoires viables, compétitifs et porteurs de développement durable. Dans sa seconde phase, cette réforme territoriale prévoit une décentralisation des ressources financières au profit des départements. Une décennie après l’adoption de l’Acte III de la Décentralisation, qui n’a pas encore livré toutes ses promesses, le Sénégal s’oriente vers un changement de paradigme basé sur la mise en place de huit pôles territoires, une occasion pour les chefs d’exécutifs départementaux d’inviter l’État à décentraliser davantage le Budget consolidé d’investissement (Bci).
Ainsi, les élus locaux à la tête des collectivités territoriales, en conclave à la Somone (du 14 au 16 avril dernier), ont invité le gouvernement à corriger cette incohérence territoriale afin de permettre aux départements de mieux intervenir dans de grands projets portant sur la construction, la réhabilitation et l’équipement des infrastructures. Selon le président du Conseil départemental de Mbour, Saliou Samb, il faut aller vers une décentralisation effective des ressources financières, au profit des collectivités territoriales. «Cela veut dire que l’État central doit lâcher du lest au niveau de son budget pour le transférer aux départements et aux mairies. Nous connaissons les problèmes de nos populations. Si l’État continue d’injecter des fonds sur des projets qu’il ne maîtrise pas, l’efficacité sera moindre. C’est pour dire que l’État doit accompagner les départements à jouer leur rôle de développement dans la structuration de grands projets porteurs. Mais, tout cela nécessite de gros moyens qui ne sont pas encore à la portée des collectivités territoriales », a-t-il dit.
Doter les collectivités territoriales de moyens suffisants
Dans la même veine, le président du conseil départemental de Kaolack, Ahmed Yousouf Bengelloune, estime que les départements constituent une échelle pertinente de mise en cohérence des politiques nationales. Une raison de plus pour octroyer à ces entités territoriales le financement nécessaire pour faire face aux charges liées au transfert de compétences et d’assurer pleinement leur mission pour le développement économique, social et culturel. « Certaines infrastructures, comme les routes qui sont partagées par plusieurs communes, doivent être réalisées par les départements. Mais, les moyens financiers à notre disposition ne permettent pas de porter de tels projets structurants. C’est le lieu d’inviter les autorités centrales à penser à la décentralisation des ressources financières, si elles souhaitent réussir les pôles territoires », a indiqué M. Bengelloune. En effet, cette nouvelle réforme doit constituer une occasion de doter les collectivités territoriales de moyens suffisants pour répondre aux besoins des populations », a plaidé le président de l’Association des départements du Sénégal.
Diégane DIOUF (Correspondant)