Le président rwandais, Paul Kagame, a pris part, aux côtés du président sénégalais, à la 19ᵉ édition du Forum sur les systèmes alimentaires africains. Lors de la table ronde sur l’assemblée publique des jeunes, il a partagé le modèle agricole de son pays qui, à l’instar des autres pays du continent, fait face à des difficultés, notamment la faible production.
Pour pallier ces problèmes, le président rwandais estime que la transformation passera nécessairement par un changement des mentalités et des pratiques agricoles en déphasage avec l’évolution du monde. Selon lui, au Rwanda, des changements significatifs ont déjà été opérés dans ce sens, à travers un partenariat de base avec différents pays du monde et avec le secteur privé. L’idée, d’après Paul Kagame, est d’attirer ce type d’investissement. Il a mis en avant le partenariat qui lie son pays à la Société financière internationale (Sfi). « Ce partenariat a aidé le Rwanda à créer un plan d’initiative de smart agriculture, qui fonctionne à travers le pays et touche les petits agriculteurs », explique-t-il.
Paul Kagame précise que, grâce aux fonds octroyés par la Sfi, 170 000 agriculteurs en ont bénéficié, permettant de couvrir 80 000 hectares. Toujours dans le cadre du développement de l’agriculture, le président rwandais souligne également l’importance du partenariat avec la Fondation Howard Buffett. Ce dernier a conduit à la création de l’Institut rwandais d’agriculture et de conservation. Selon lui, cette structure est composée à 60 % de Rwandais, le reste étant constitué de jeunes issus d’autres pays du continent. Paul Kagame n’a pas manqué de lancer un message à la jeunesse, en lui rappelant qu’elle est au cœur de nombreuses initiatives du gouvernement. «Nous devons nous concentrer sur les jeunes qui innovent, les accompagner en termes de financement», souligne-t-il. Concernant le leadership du Rwanda, le président a insisté sur le rôle central de l’État. «Les jeunes ne doivent pas s’asseoir et attendre qu’il y ait un problème pour qu’on les aide», estime-t-il. Selon lui, la posture doit être celle de l’engagement et de l’action.
Lancement officiel de l’Association africaine des engrais
La 19ᵉ édition du Forum sur les systèmes alimentaires africains a été marquée par l’annonce du lancement officiel de l’Association africaine des engrais. Cette initiative, prise en marge de la plénière consacrée au bilan de l’année des systèmes alimentaires, vise à transformer le paysage agricole du continent. Dans le but de s’attaquer notamment aux problèmes liés à la productivité agricole et à la dépendance aux importations, les divers acteurs, dont l’Agence de développement de l’Union africaine (Auda-Nepad) ainsi que le secteur privé, ont convenu de la création de l’Association africaine des engrais (Aae). L’association sera dirigée par un conseil d’administration composé de fabricants et de distributeurs, et se positionne comme un organisme autochtone, axé sur «l’Afrique et pour l’Afrique», déterminé à traduire les promesses en actions concrètes.
En effet, cette initiative vise à assurer la sécurité alimentaire et le bien-être de la population africaine. Selon les intervenants, l’impératif de la sécurité alimentaire réside dans la nécessité de réduire les pertes économiques massives dues à l’inefficacité agricole. Dans le cadre de cette association, les acteurs s’accordent sur l’importance stratégique du partenariat entre le public et le privé. Selon les panélistes, ce partenariat multipartite est essentiel pour la mise en œuvre efficace de l’agenda. Ils soulignent que les gouvernements et les entreprises doivent s’engager à investir et à collaborer pour développer la production et la distribution domestiques. « L’association vise à être un acteur unifié et organisé, comblant un vide historique dans la représentation de l’industrie des engrais, et s’engage à transformer les engagements en actions concrètes pour les agriculteurs africains », a défendu l’un des intervenants.
Par Demba DIENG et Mouhamed DIÈNE (textes), Moussa SOW (photos)