« Difoncé » : cœur battant de la vente et du recyclage des pièces détachées à Dakar

PARTAGEZ CET ARTICLE SUR LES RÉSEAUX
Facebook
X
LinkedIn
WhatsApp
Telegram
Email

Au coeur de Dakar, « Du Foncier » ou « Difoncé » s’impose comme le plus grand marché de pièces détachées automobiles. Ce lieu, véritable carrefour d’activités économiques à côté de la gare de Petersen, est le théâtre d’un écosystème unique. Artisans et commerçants y rivalisent de créativité pour répondre aux besoins des automobilistes. Entre recyclage, réparation et importation, « Difoncé » offre du tout.

Le marché du « Crédit foncier », communément appelé « Difoncé », est bien plus qu’un simple lieu de commerce de pièces détachées automobiles. Niché au coeur du quartier de Dakar Plateau, derrière la Grande mosquée, cet endroit est une ruche grouillante où artisans et commerçants se mêlent pour insuffler une seconde vie aux véhicules. Ce haut lieu de l’activité économique sénégalaise est un univers où se croisent mécaniciens, recycleurs, vendeurs et simples curieux.

Le long de la rue jouxtant le garage de Petersen, magasins de pièces détachées et ateliers de réparation s’alignent, formant une véritable caverne d’Ali Baba pour les automobilistes. Ici, la rue est jonchée de flaques d’huiles noirâtres et encombrée de véhicules aux capots ouverts, de pièces détachées éparpillées et de containers fraîchement débarqués.

En cet après-midi de samedi, veille de Nouvel An, l’effervescence est à son comble. Modou Lô, un « génie du recyclage » adossé au mur d’une station-service voisine, incarne l’ingéniosité de ces artisans. « Peu importe l’état des phares qu’on m’apporte, je trouve toujours un moyen de les réparer », confie-t-il, manipulant des outils rudimentaires.

Les réparateurs comme Pierre Goudiaby et Modou Lô redonnent vie à des pièces autrement inutilisables. Pierre, spécialisé dans la réparation des feux de voiture, utilise un fourneau pour souder et polir, avec minutie, les morceaux brisés. « Certains feux coûtent entre 80 000 et 150 000 FCFA, mais ici, on les répare pour 30 000 FCFA seulement », explique-t-il. Quant à Ibrahima Diallo, tôlier expérimenté, il témoigne de sa fidélité envers Modou : « Malgré la distance avec mon atelier qui se trouve à Yoff, je préfère venir ici pour la qualité du travail ». Cette confiance témoigne du rôle central des artisans dans l’économie locale.

Du recyclage des pièces à leur vente, « Difoncé » regorge d’activités. Des ferrailleurs comme Bassirou Niang collectent les matériaux pour les revendre, tandis que des commerçants comme Lamine Dieng proposent des moteurs de marques variées, telles que Mitsubishi, Toyota, Peugeot, à des prix oscillant entre 2,5 et 3,5 millions de FCFA.

Un carrefour pour toutes les activités liées à l’automobile

Cependant, Lamine note une lacune : les pièces pour véhicules électriques restent rares, faute de techniciens spécialisés. « La majorité des conducteurs n’utilisent pas encore de véhicules électriques », constate-t-il.

Malgré leur ingéniosité, les artisans se heurtent à des limites. « Nous avons le talent, mais pas les moyens », déplore Pierre Goudiaby. Avec un appui matériel et technique, ces professionnels pourraient développer leurs activités et contribuer davantage à l’économie nationale. Modou Lô regrette l’absence de soutien des autorités : « Nos dirigeants ne viennent jamais voir ce que nous faisons. Nous avons dû tout construire par nous-mêmes ». Pourtant, fait-il remarquer, les artisans jouent un rôle crucial, offrant des solutions abordables aux automobilistes souvent confrontés à la cherté et à la rareté des pièces importées.

Malgré les défis, leur énergie et leur résilience, ils ne faiblissent pas. La zone refuge de « Gorgorlus », ces Sénégalais qui se débrouillent avec peu pour subvenir à leurs besoins. Babacar Diop, un vendeur de pièces importées, loue l’importance de ces réparateurs qui « rendent accessibles des objets hors de portée pour beaucoup ». « Difoncé » demeure un lieu de créativité et d’ingéniosité. Avec davantage de soutien, il pourrait devenir un véritable pôle d’innovation automobile en Afrique de l’Ouest. En attendant, Modou et ses collègues continuent de transformer des objets usés en solutions miracles, alimentant l’économie locale et répondant à la fois aux besoins des plus modestes.

Daouda DIOUF

À lire aussi
NE MANQUEZ RIEN!
ANNONCEURS
Votre publicité ici

Vous voulez atteindre une audience ciblée et engagée ? Placez vos bannières publicitaires sur notre site

Indiquez vos informations
Mot de passe oublié
Veuillez entrer votre adresse e-mail ou votre nom d'utilisateur ci-dessous.
 
Mot de passe perdu ?
Votre demande a été transmise avec succès

Nous allons traiter votre demandes dans les meilleurs délais.
L’équipe du Journal Le Soleil

Votre demande a été transmise avec succès

Nous allons en prendre connaissance et vous répondre dans les meilleurs délais.

L’équipe du journal Le Soleil

Indiquez vos informations