Grâce à une nouvelle stratégie de gestion des participations publiques, les dividendes issus du secteur minier ont bondi de 126 % en 2025, atteignant plus de 41 milliards de FCfa. Cette performance inédite s’explique, selon la Société des Mines du Sénégal (Somisen), par l’option du gouvernement de valoriser les intérêts de l’État dans le secteur extractif à travers une gouvernance proactive et structurée.
L’année 2025 marque un tournant décisif dans la mobilisation des recettes publiques issues du secteur minier. Pour la première fois, les dividendes versés à l’État du Sénégal par les entreprises minières s’élèvent à 41,425 milliards de FCfa, un niveau jamais atteint au cours des quatre dernières années, si l’on se fie au rapport de la Société des Mines du Sénégal (Somisen) que « Le Soleil » a pu consulter. Ce chiffre représente une hausse de 126 % par rapport à la moyenne annuelle observée entre 2021 et 2024, laquelle s’établissait à 18,326 milliards de FCfa.
Cette progression spectaculaire reflète les résultats positifs d’une nouvelle stratégie de gouvernance actionnariale orientée vers une meilleure valorisation des parts détenues par l’État dans les sociétés minières. Malgré son fort potentiel, le secteur minier sénégalais demeurait historiquement sous-exploité, déplore la Somisen, avec une contribution modeste aux recettes de l’État via les dividendes. Si l’on se réfère au rapport Itie 2023, ces derniers ne représentaient que 8 % des revenus extractifs perçus par le Trésor public, loin derrière les impôts, redevances minières et autres taxes.
Ce manque de performance s’expliquait, en grande partie, par la faible participation de l’État au capital de plusieurs sociétés minières ainsi que par « l’absence d’une politique claire en matière d’actionnariat public ». Par exemple, l’État n’a perçu que 3,82 milliards de FCfa de dividendes en 2021, 16,6 milliards en 2022, 29,8 milliards en 2023 et 23,2 milliards en 2024. Face à ce constat, les autorités ont amorcé une restructuration de la gouvernance des participations publiques dans le secteur minier. Cette réforme vise à renforcer le rôle de l’État en tant qu’actionnaire stratégique en assurant une présence active dans la gouvernance des sociétés et une meilleure coordination entre les entités publiques impliquées. Cette dynamique illustre l’efficacité des mécanismes mis en place pour optimiser les retombées financières de l’actionnariat public.
Maintenir les efforts
La distribution des dividendes génère également des recettes fiscales par le biais de l’Impôt sur le Revenu des Valeurs mobilières (Irvm). En 2025, le montant total perçu à ce titre s’élève à 29,532 milliards de FCfa ; ce qui porte le produit cumulé de la distribution des dividendes à 70,957 milliards de FCfa pour l’exercice, selon le rapport. Ces chiffres témoignent du rôle central que peut jouer une politique actionnariale bien conduite dans la mobilisation des ressources domestiques, dans un contexte où l’État cherche à diversifier ses sources de financement et à réduire sa dépendance à l’endettement. Toutefois, souligne la Somisen dans le document, si les résultats de 2025 sont encourageants, des efforts doivent être poursuivis pour maintenir et renforcer cette trajectoire. Cela passe notamment par la consolidation de la coordination entre les organes publics impliqués dans la gestion des participations, le renforcement de la transparence dans la gouvernance des sociétés extractives, l’augmentation, lorsque c’est possible, des parts détenues par l’État dans les sociétés stratégiques et une meilleure intégration des exigences de l’Acte uniforme Ohada dans les pratiques de gestion, en particulier celles relatives aux assemblées générales et à l’affectation des résultats.
Elhadji Ibrahima THIAM