Les gouvernements africains intègrent de plus en plus la circularité dans leurs politiques nationales. En atteste l’adhésion de plus de 20 pays africains, dont le Sénégal, à l’Alliance africaine pour l’économie circulaire (Acea). Ce modèle, selon des spécialistes, est une solution intégrée, mais les défis à relever sont encore nombreux.
ADDIS-ABEBA – La Commission économique des nations unies pour l’Afrique (Cea), considère l’économie circulaire comme une solution transformatrice et intégrée, favorisant la croissance économique, la création d’emplois, la résilience climatique et l’amélioration du bien-être humain et des écosystèmes. C’est ce qu’a soutenu, hier, Charles Akol de la Division des changements climatiques, de la Sécurité alimentaire et des Ressources naturelles de cet organe des Nations Unies. C’était lors d’un atelier d’échange avec un groupe de journalistiques africains, en prélude à l’ouverture, aujourd’hui, à Addis Abeba, de l’Assemblée générale annuelle de l’Alliance africaine pour l’économie circulaire (Acea).
À en croire le spécialiste des questions environnementales, le modèle économique linéaire actuel, basé sur l’extraction, la production et l’élimination, est responsable de la moitié des émissions mondiales de gaz à effet de serre et de plus de 90 % de la perte de biodiversité et du stress hydrique. « Pour l’Afrique, le coût est déjà élevé : le changement climatique entraîne des pertes annuelles de Produit intérieur brut (Pib) pouvant atteindre 5 % », a-t-il renseigné. Pour M. Akol, la rareté des ressources n’est plus une menace lointaine. C’est une réalité mondiale. « D’ici 2060, la consommation mondiale de ressources naturelles devrait augmenter de 60 %. La population africaine devrait atteindre 2,5 milliards d’ici 2050, les jeunes représentant une proportion importante. Ce changement démographique représente à la fois un défi et une opportunité», a-t-il estimé. Non sans encourager une meilleure implication des journalistes dans cette transition vers l’économie circulaire.
« Cette immersion médiatique est plus qu’une simple formation. Elle constitue le fondement de la création d’un réseau de journalistes capables de rendre compte de manière précise, convaincante et cohérente de la transition de l’Afrique vers une économie circulaire. À la Commission économique des nations unies pour l’Afrique (Cea), nous pensons que votre rôle va au-delà du simple reportage. Nous vous considérons comme les futurs praticiens et champions de l’économie circulaire. Car pour nous, les idées doivent conduire à l’action », a-t-il adressé aux journalistes venus d’une dizaine de pays d’Afrique. Axes stratégiques Pour catalyser une transition à grande échelle vers des modèles d’économie circulaire en Afrique, la Cea accorde la priorité à quatre axes stratégiques.
Il s’agit de la localisation du cadre continental avec l’adoption des principes de l’économie circulaire aux niveaux national et infranational, en coordination avec les communautés économiques régionales et les partenaires au développement ; du renforcement des capacités avec le développement de compétences locales grâce à des outils, des programmes de formation, de reconversion et de perfectionnement à grande échelle, via des plateformes éducatives formelles et non formelles. Tout comme la démonstration d’impact avec une mise en évidence de preuves que les modèles circulaires produisent des résultats en phase avec les besoins et priorités de développement national, y compris la création d’emplois, la diversification économique, l’équité sociale, la résilience climatique et la durabilité écologique.
Et enfin, la mobilisation de financements pour aider les entreprises à adopter des modèles circulaires, renforcer leur capacité à concevoir des projets bancables et intégrer la circularité dans les mécanismes de financement de l’action climatique, de la transformation numérique, du commerce et de la conservation de la biodiversité. Pour sa part, Dr Sophie Moggs, analyste politique à Ellen Macarthur Fondation, souligne que l’économie circulaire figure désormais en bonne place dans l’agenda mondial. Selon elle, plus de 55 % des entreprises ont des ambitions en matière d’économie circulaire. Et il existe plus de 75 feuilles de route nationales pour l’économie circulaire. « Mais pour passer à l’échelle supérieure, nous devons accélérer la mise en œuvre de l’économie circulaire en concentrant les actions des entreprises et des pouvoirs publics sur la suppression des obstacles systémiques », a-t-elle préconisé.
De notre envoyé spécial en Ethiopie, Ndiol Maka SECK