La Türkiye a considérablement renforcé, ces dernières années, son influence en Afrique et en Asie centrale. Avec le continent africain, les échanges commerciaux ont atteint 37 milliards de dollars en 2023, Ankara ne cessant d’y gagner des parts de marché.
Membre du G20, ensemble regroupant les 20 économies les plus prospères au monde, la Türkiye s’est affirmée ces dernières années comme une puissance économique non négligeable sur l’échiquier mondial. En septembre 2024, Ankara a été officiellement invitée à rejoindre le bloc des pays émergents des Brics, qui représente près de la moitié de la population mondiale et près du tiers du Pib de la planète. Grâce à son dynamisme économique, le pays a renforcé ses liens notamment avec l’Afrique et l’Asie centrale, deux zones d’influence.
La Türkiye a beaucoup investi en Afrique ces dernières années, et son président Recep Tayyip Erdogan y a effectué plus de 50 visites dans 31 pays au cours de ses deux décennies au pouvoir. Lors de la troisième conférence ministérielle d’examen du partenariat Türkiye-Afrique, début novembre 2024 à Djibouti, le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a déclaré que les échanges commerciaux avec le continent avaient atteint 37 milliards de dollars l’année précédente et que les investissements directs de la Türkiye s’élevaient désormais à 7 milliards de dollars. Pour accompagner ces échanges, la compagnie Turkish Airlines dessert aujourd’hui une soixantaine de destinations sur le continent. « La Türkiye a une approche globale pour renforcer son partenariat commercial et économique avec le continent », expliquait M. Fidan lors de cette rencontre.
Par ailleurs, la Türkiye est devenue un important partenaire dans le domaine de l’industrie de défense et a contribué à la formation des forces armées de nombreux pays africains. Avec le Sénégal, les échanges se sont intensifiés ces dernières années. La Türkiye a notamment réalisé plusieurs projets d’infrastructures dans la ville nouvelle de Diamniadio. Le savoir-faire et le pragmatisme turcs sont particulièrement appréciés par les partenaires africains. Au-delà du Btp et du commerce, Ankara élargit sa coopération économique avec l’Afrique dans d’autres domaines, comme l’énergie. « Il existe également un potentiel dans le domaine du pétrole et du gaz naturel », relevait cet été le ministre turc de l’Énergie, Alparslan Bayraktar.
L’année dernière, le navire turc Oruç Reis est arrivé à Mogadiscio pour une mission d’exploration de gaz naturel et de pétrole dans les eaux somaliennes, en vertu d’un accord entre les deux pays prévoyant des forages dans trois zones de 5.000 km² chacune. Des accords de coopération dans l’exploration de gaz et de pétrole, ainsi que dans l’exploitation minière, ont aussi été signés avec le Niger. La compagnie nationale turque Mta possède trois mines d’or dans ce pays du Sahel, également doté de mines d’uranium. « Le principal avantage de notre pays est son passé non colonial. Lorsque des dirigeants anti-impérialistes recherchent de nouveaux partenaires, ils pensent en priorité à notre pays », rapportait à l’époque une dépêche de l’Afp citant une source diplomatique à Ankara.
Autre bonne nouvelle : l’économie turque devrait réussir un atterrissage en douceur et sortir de la zone de turbulence. Après trois ans de dégringolade, la livre turque montre depuis quelques mois des signes de stabilisation, un atterrissage favorisé par un nouvel afflux d’investisseurs attirés par des rendements très élevés.
Seydou KA