En février 2025, le Sénégal a transposé dans sa législation la loi portant réglementation bancaire au sein de l’Umoa. Le nouveau texte s’aligne sur les meilleures pratiques internationales en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et de financement du terrorisme.
« La législation actuelle en matière de blanchiment d’argent et de répression du faux monnayage constituent une base juridique solide, en particulier dans le cadre communautaire (Umoa) », souligne Julien Briot-Hadar, saluant la loi uniforme relative à la répression du faux monnayage, adoptée en 2016, comme « une avancée majeure ». Ce cadre juridique, dit-il, a pour objectif d’endiguer l’impact du faux monnayage, en particulier dans une région où les réseaux criminels souvent transnationaux exploitent les failles juridiques et les incohérences entre les différents États pour mener leurs activités. Cependant, considère le spécialiste, l’efficacité de cette législation repose sur plusieurs facteurs clés.
Premièrement, bien que la loi soit adaptée à une réalité criminelle en constante évolution, son succès dépend, dit-il, en grande partie de sa mise en œuvre rigoureuse et de la capacité des institutions nationales à l’appliquer de manière homogène. « Cela nécessite un investissement considérable dans le renforcement des capacités des autorités judiciaires, douanières et financières. La modernisation des dispositifs de détection et de surveillance, notamment à travers l’utilisation de technologies avancées de suivi des transactions et d’analyse des flux financiers, s’avère indispensable pour contrer efficacement les méthodes sophistiquées utilisées par les criminels».
Ensuite, poursuit Julien Briot-Hadar, l’efficacité du cadre législatif anti-blanchiment et anti-faux monnayage dépend également du niveau de coopération entre les institutions nationales et internationales. Les réseaux de faux monnayage, tout comme ceux liés au blanchiment d’argent, opérant souvent à l’échelle transnationale, exploitent les divergences réglementaires entre pays.
Dans le cas spécifique du Sénégal, il estime que la législation en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et le faux monnayage doit être adaptée aux spécificités socio-économiques locales. « Le secteur informel, omniprésent dans l’économie sénégalaise, constitue une vulnérabilité que les législations actuelles peinent parfois à encadrer de manière adéquate. Dans un contexte où une large part des transactions reste réalisée en numéraire, il est nécessaire d’implémenter des stratégies visant à renforcer l’inclusion financière, réduire la dépendance à l’argent liquide et, ainsi, limiter les opportunités de blanchiment », préconise M. Briot-Hadar.
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Seydou KA