Dans une démarche d’assainissement du secteur minier, la direction générale des mines et de la géologie a procédé à un audit. Le constat est « alarmant ». Le rapport révèle que de nombreuses carrières illégales ont causé d’importantes pertes à l’État en raison de l’absence de paiement des droits d’entrée et des redevances minières. Toutefois, cette démarche, qui a permis l’identification exhaustive des carrières publiques, l’éradication progressive des carrières clandestines sur l’ensemble du territoire national, ainsi que la restauration d’une culture d’exploitation responsable, a impacté l’approvisionnement en sable, particulièrement dans la région de Dakar, où les réserves disponibles s’amenuisent face à une urbanisation croissante. « Cette décision de fermer les carrières illégales, nécessaire pour régulariser le secteur et lutter contre les pertes financières de l’État, a eu pour conséquence directe de réduire l’offre de sable sur le marché », précise le document. Avant cet assainissement, l’abondance de carrières, y compris clandestines, permettait un approvisionnement plus facile et potentiellement à des prix fixes, même si cela se faisait au détriment de la légalité et des recettes publiques.
La cessation d’activités de plusieurs de ces exploitations illégales a créé un déséquilibre entre l’offre et la demande, exacerbé par une urbanisation rapide qui maintient une forte demande en matériaux de construction. Cette tension sur le marché, directement liée à la réduction de l’offre de sable, poursuit le document, s’est manifestée par « un mouvement d’humeur des chauffeurs de camions dans la zone de Gorom ». « Leurs contestations faisaient suite à une hausse unilatérale et significative des prix de chargement du sable, appliquée par une entreprise se trouvant alors en situation de quasi-monopole », peut-on y lire. La réduction du nombre d’exploitants a favorisé l’émergence de situations de monopole, où les acteurs restants dictent les prix sans réelle concurrence, profitant de la rareté du produit.
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« Fort heureusement, des concertations menées par les autorités compétentes ont permis de rétablir le prix du sable », poursuit le document. De plus, un contrôle administratif a révélé que le titre minier de l’entreprise en question était arrivé à expiration, entraînant de facto la fermeture immédiate de sa carrière. Afin de prévenir une rupture durable de l’approvisionnement en sable, la direction générale des mines et de la géologie, responsable de l’instruction des demandes, a rapidement réagi. D’après la même note, elle a procédé à la délivrance d’autorisations temporaires d’exploitation de carrières privées à trois sociétés situées dans la région de Dakar et a également autorisé la réouverture de la carrière de Thiénaba. Concomitamment, la direction a initié des missions d’audit et de sensibilisation pour inciter les titulaires de ces carrières privées temporaires à se conformer à la législation en vigueur.
Pathé NIANG