En tant que carrefour d’échanges, la Foire internationale de Dakar (Fidak) accueille toutes sortes de personnes. Pour garantir le bon déroulement des activités, des agents recrutés pour l’évènement sont positionnés partout. Ils veillent scrupuleusement aux consignes édictées, et quelles que soient les circonstances. Ils sont vendeurs de tickets, contrôleurs, superviseurs de stand, etc., leur objectif est le même : œuvrer pour la réussite de la foire.
Les voitures et les scooters s’agglutinent devant le portail d’entrée de la Fidak. Les gendarmes contrôlent les coffres des véhicules avant d’autoriser leur accès dans l’enceinte de la foire. Pour les motos, ils vérifient d’abord si celles-ci ont une plaque d’immatriculation. À défaut, elles doivent rebrousser chemin, car seuls les engins en règle ont le droit d’accéder à l’intérieur de ce lieu de grand rassemblement. Les gendarmes et les visiteurs ne sont pas les seules personnes présentes dans cet espace de contrôle.
En effet, des hommes habillés différemment, dont la plupart portent des tenues traditionnelles en ce jour de vendredi, n’hésitent pas à aborder les conducteurs. Ils s’assurent qu’ils ont un badge ou un ticket leur permettant d’accéder à la foire. Ils sont reconnaissables par leurs gilets verts fluorescents et orange. Malgré l’arrivée des véhicules dans toutes les directions, ces employés dévoués accomplissent leurs tâches à leur risque et péril. L’un d’eux a la chevelure touffue. Sa taille frise celle des basketteurs de la Nba (National basketball league). Khalifa, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est élégamment habillé.
Cet étudiant de l’Université numérique Cheikh Hamidou Kane [Un-Chk, ex-Uvs (Université Virtuelle du Sénégal)] s’active depuis le début de cette messe commerciale, au Centre international du commerce extérieur du Sénégal (Cices), à Dakar, dans la vente des tickets d’entrée. « À l’Un-Chk, notre année académique s’est achevée récemment et, vu que je n’avais pas grand-chose à faire, j’ai saisi cette opportunité offerte par la foire pour me faire quelques revenus supplémentaires », soutient Khalifa.
Son binôme, Moustapha, qui a aussi la silhouette d’un sportif, aborde les risques liés à leur travail. « Nous sommes exposés à des risques, c’est sûr. Parfois, tu peux être en train de vendre un ticket à un visiteur, le temps de te repositionner, une voiture surgit à ta hauteur. Si tu ne fais pas très attention, tu risques de te faire percuter. Et, en toute honnêteté, je ne sais pas si je suis assuré ou pas », déclare-t-il.
Un travail qui exige des attitudes responsables Non loin du portail principal se trouve l’espace réservé à la vente des tickets pour les visiteurs non véhiculés. Devant chaque porte, des contrôleurs et superviseurs sont préposés en plus des gendarmes qui assurent la fouille. Un homme à la posture imposante, vêtu d’un grand boubou bleu aux manches larges et au col brodé communément appelé « Baay Lahat » est assis sur une chaise en caoutchouc. Il scanne tous les billets achetés avec son appareil. Lui, c’est Bamba. Il en est à sa deuxième Fidak. Il effectue le même travail que l’année dernière.
Incarnant des valeurs religieuses, à l’image de son modèle vestimentaire mouride, il dit privilégier avant tout le dialogue. « Certaines personnes qui passent par ici croient parfois que nous sommes là pour leur rendre la vie dure, alors que ce n’est pas le cas. Quand un visiteur arrive ici de mauvaise humeur, j’essaie de lui parler calmement pour ne pas le mettre mal à l’aise. Dans toutes circonstances, je privilégie le dialogue, pour donner une bonne image de la structure que je représente », indique-t-il. À quelques minutes de la prière du vendredi, les récitations mélodieuses d’Abdul Bassit résonnent au Cices.
Ces paroles saintes captent toute l’attention. À l’entrée du pavillon Orange, un groupe d’agents portant des gilets verts sur lesquels on peut lire « Recouvrement » est posté. Mais détrompez-vous. Leur travail n’est pas de collecter de l’argent. Ce sont des contrôleurs chargés de vérifier si oui ou non les exposants respectent les normes d’utilisation des stands. Chaque échoppe doit contenir une table et deux chaises. Ces mesures sont prises pour la bonne marche des activités, selon Diakhaby, un des leurs.
Ce dernier, en fait, ne parle pas wolof, mais a un français châtié. Il admet que leur travail n’est pas chose aisée. « Ce contrôle dans les stands est très difficile, car certains exposants ne sont pas compréhensifs. Quand tu parles avec eux, ils peuvent utiliser un ton inadéquat, et si tu ne te contrôles pas, tu risques de répondre à leurs provocations », dit-il, la mine fatiguée. Selon les affirmations d’un agent qui requiert l’anonymat, cette attitude tient au fait que leurs repas et leurs frais de transport ne sont pas pris en charge par leurs employeurs, et que c’est seulement à la fin de la foire que leur salaire est versé.
Elhadji Ibrahima DIALLO

