Les fleurs décorent et donnent un peu de gaieté aux lieux publics ou encore les maisons. Cependant, les fleuristes, eux, peinent à voir la vie en rose et continuent d’espérer faire fleurir le métier en dépit des aléas.
Une variété de fleurs et de plantes diverses attirent l’attention sur le boulevard Dial Diop, en face du centre culturel Blaise Senghor. Des fleurs d’acacia, des hibiscus ou encore des boutures sont exposés. Les fleuristes ont fini d’occuper les lieux. L’endroit respire la quiétude, le calme et l’air frais mélangé à l’odeur de l’humus. Les klaxons et la fumée dégagée par les voitures, nous extirpent de nos songes dans cet espace vert où les gens se laissent facilement bercer par la nature. Ce contraste donne aisément accès à un tout autre univers, bien loin de la pollution atmosphérique.
Loin d’être le jardin d’Eden, l’endroit donne à première vue cette impression avec toute cette variété de plantes et fleurs ornementales. Un vent frais fouette le visage. Dans ce petit coin de paradis, les fleuristes effectuent leur besogne. Certains arrosent les fleurs tandis que d’autres enlèvent quelques feuilles mortes qui se sont glissées dans les pots de fleurs. Tout est dans l’entretien. Des pots de fleurs y sont exposés à l’attente de potentiels acheteurs. Des tas d’engrais sont entreposés dans un coin. « L’engrais se compose essentiellement de crottins de cheval pour la fertilisation », a expliqué Ngagne Fall, assis sur une chaise à guetter les clients. L’espace vert est désertique, pas de clients en vue, mais cela n’enlève en rien la tranquillité des lieux. Parfois cette quiétude est perturbée par le chant de quelques oiseaux survolant les lieux.
Un métier pas toujours rose
Ngagne Fall a appris la profession sur le tas. Chez Ngagne, le métier de fleuriste est une histoire de famille.« J’ai très tôt appris le métier. J’y gagne ma vie depuis plus de vingt ans », admet le ressortissant de la région de Diourbel. Au fil du temps, ce dernier connait l’importance de ce commerce.« Tout le monde sait l’utilité des fleurs. Cela dépasse même la fonction ornementale, surtout en ce qui s’agit de la respiration », explique-t-il. L’espace vert est très agréable et renvoie à l’importance de la nature dans la vie de l’homme . Mais en ce moment, il y a très peu d’acheteurs », affirme Ngagne.
À quelques pas de Ngagne, Babacar Dieng est assis sur une chaise à l’ombre d’un arbre à guetter les clients. « Ces temps-ci, ils se font rares », affirme-t-il dépité. Malgré la rareté des acheteurs, il affirme que certaines fleurs sont plus prisées que d’autres. « Les femmes achètent plus les roses. C’est peu fréquent de voir un homme venir acheter les fleurs », dit-il sur un ton taquin.
Mbaye Diop se ravitaille en eau, un peu plus loin, dans un des robinets installés par la société nationale des eaux .Ce sexagénaire a fait quarante ans dans le métier. « Nous n’avons pas une large clientèle. Grâce à Dieu, j’arrive à subvenir à mes besoins », déclare-t-il tout en remplissant les deux arrosoirs. Les prix des fleurs varient selon les dimensions : « Elles peuvent coûter de 500 FCfa à 250.000 FCfa », explique-t-il. Après l’arrosage, Mbaye commence à remplir les boutures de terre. Il y met beaucoup de minutie et sait à peu près la quantité de terre nécessaire. Tout comme Ngagne, Mbaye a hérité le métier de fleuristes et se réjouit d’avoir de plus en plus une clientèle locale. « Les Sénégalais viennent fréquemment acheter les fleurs ornementales. Mais ce n’est pas le grand rush », avoue-t-il.
Formés sur le tas, ces fleuristes ont déjà la main verte. Il ne reste plus que les clients pour faire de ce métier un business florissant.
Arame NDIAYE