Après avoir déboursé beaucoup d’argent pour l’opération Korité, des aviculteurs se retrouvent au fond du gouffre, avec de grosses pertes dues notamment à une mortalité très élevée des poussins.
L’opération Korité n’a pas été tout rose pour certains aviculteurs. Beaucoup d’entre eux ont subi des pertes significatives à cause de la forte mortalité des poulets. Maodo Lô, aviculteur à Malika, explique cette forte mortalité par la mauvaise qualité des poussins. L’aviculteur a aménagé un bâtiment de trois chambres pour l’élevage des poulets de chair. À côté, des variétés de plantes meublent le décor. Ces plantes décoratives et des cocotiers rendent le cadre de son jardin plus attrayant. Maodo, communément appelé « Imam », ne décolère pas. La cinquantaine passée, l’homme a vécu une fête de Korité terne. « J’ai dépensé des millions et j’ai presque tout perdu. Sur plus de 1.000 poussins, 700 sont morts. C’est un problème général qui touche presque tous les aviculteurs. J’ai compris qu’il y avait un soucis quelque part », dit-il, très remonté.
Il pointe la mauvaise qualité des poussins. « Les souches qu’on donne aux fournisseurs ne sont plus de bonne qualité. Il faut mettre un terme à ce problème, sinon beaucoup d’aviculteurs vont faire des opérations à perte », lance Maodo Lô. Mauvaise qualité des poussins Son collaborateur, Abdou Bakhoum, pointe la cherté des poussins. Assis sur une chaise, l’homme semble dépité par la situation. D’un ton amer, il fait savoir que ce business ne nourrit plus son homme. « On s’en sort difficilement parce que les pertes sont plus importantes que les bénéfices. Chaque jour, je perds des dizaines de poussins. C’est impossible de s’en sortir », dit-il. Dans les chambres aménagées pour mettre les sujets dans de bonnes conditions, plusieurs poussins peinent à se développer normalement. Selon Abdou, les sujets ont 33 jours et pèsent moins d’un kilo. Pourtant, il dit avoir fait de son mieux avec toutes sortes de traitements vaccinaux. « J’ai dépensé beaucoup d’argent en achetant des médicaments pour permettre aux sujets de se développer, mais cela n’a pas un grand impact. Il n’y a aucune évolution par rapport à leur poids et je ne peux pas les vendre comme ça », se désole-t-il.
Dans son magasin de stockage, tout un lot de matériels, composés, entre autres, d’abreuvoirs et de mangeoires, est dressé les uns après les autres. D’autres sont éparpillés çà et là. Avec ses 200 poussins qui lui restent, ce sera difficile de gagner beaucoup d’argent. « J’ai peur même qu’ils ne puissent pas arriver à terme », soutient Abdou Bakhoum, avec une grande désolation visible sur son visage. L’aviculteur plaide pour que des contrôles plus efficaces soient effectués auprès des grands fournisseurs afin de jauger la qualité des sujets. Ousmane Ndiaye, aviculteur à Pikine, confirme cette situation désastreuse. Pour sa dernière opération qui a coïncidé avec la fête de Korité, il dit avoir perdu 342 poussins sur 550. Une perte estimée à 1.168.000 FCfa. Lui aussi pointe la mauvaise qualité des souches. « J’ai perdu 342 poussins sur 550, soit 1.168.000 FCfa. Depuis que je suis dans ce métier, c’est la première fois que je perd autant d’argent. C’est déplorable et il faut vite remédier à cette situation, car cela ne peut pas continuer », préconise-t-il.
Bada MBATHIE