En marge du Forum sur les systèmes alimentaires en Afrique, les Émirats arabes unis ont signé, hier à Diamniadio, un accord de partenariat avec le Sénégal, le Mali et le Nigeria visant à établir un cadre solide pour l’investissement dans l’agriculture, l’innovation et les systèmes alimentaires, en créant des passerelles entre les deux régions.
RUFISQUE – La 19ᵉ édition du Forum sur les systèmes alimentaires en Afrique a servi de cadre pour nouer des partenariats solides et stratégiques entre États en vue de développer la coopération alimentaire. C’est dans ce contexte qu’a été conclu, hier à Diamniadio, un accord de partenariat entre les Émirats Arabes Unis et plusieurs pays de la sous-région ouest-africaine (Sénégal, Mali et Nigeria). Pathé Sène, directeur général du Forum africain sur les systèmes alimentaires, a déclaré qu’il s’agit d’un engagement pour des « investissements structurants importants », destinés à financer des idées novatrices, telles que les « autoroutes de l’eau » pour l’investissement. Pour M. Vente Lootah, président de la grappe alimentaire des Émirats Arabes Unis, l’intérêt de cette collaboration réside dans la volonté de se prémunir contre les chocs exogènes, à l’image de la crise de la Covid-19, qui avait mis en évidence leurs vulnérabilités alimentaires.
« Nous voyons l’Afrique comme un partenaire, pas seulement un marché. En investissant ici, nous aidons à construire des systèmes alimentaires durables, abordables et résilients, et c’est une victoire pour nous tous », dit-il. « Ils ont pris les mesures nécessaires pour nouer des partenariats féconds avec des pays capables de produire des denrées alimentaires », souligne Pathé Sène. Le choix porté pour l’instant sur certains pays de la sous-région (Sénégal, Mali et Nigeria) s’explique par leur potentiel. Mettre en valeur 28 000 ha « Ces pays disposent de ressources hydriques importantes, de terres arables et de jeunes créatifs.
Des atouts non négligeables. Le directeur général du Forum africain sur les systèmes alimentaires met également en avant l’avantage comparatif en matière d’investissement : « Sur le plan logistique, avec la présence de Dubaï Port World présente un peu partout en Afrique, les Émirats Arabes Unis disposent d’un avantage comparatif, notamment en matière de technologies. Partant de là, ils souhaitent créer ce partenariat fécond entre les deux régions », ajoute Pathé Sène. Le ministre sénégalais de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Élevage, Mabouba Diagne, souligne qu’à travers ce partenariat avec les Émirats arabes unis, des projets ambitieux pourront voir le jour.
« Nous pouvons, par exemple, construire un canal de 100 km sur le fleuve Sénégal. Cela permettra de mettre en valeur 28 000 ha de terres arables et de créer 17 000 emplois », estime-t-il. De son côté, le ministre malien Commissaire à la Sécurité alimentaire, Redouwane Ag Mohamed Ali, a rappelé que son pays met actuellement en œuvre un programme décennal visant à accélérer et transformer les systèmes agroalimentaires. « Chaque dollar investi dans l’agriculture au Mali rapportera le double en bénéfices », estime-t-il. Son compatriote, le ministre de l’Élevage, Youba Ba, souhaite que cette collaboration sud-sud repose sur une dynamique gagnant-gagnant, dans le respect mutuel.
Mohamed DIÈNE (Correspondant)