Le gouvernement, sous la houlette du Premier ministre Ousmane Sonko, s’apprête à franchir un cap important dans sa politique énergétique. Dès 2026, le pays mettra un terme à l’importation de cargaisons de gaz pour s’approvisionner exclusivement à partir de ses ressources nationales.
« Nous ne voulons plus aller chercher neuf cargaisons de gaz ailleurs. Nous allons nous approvisionner localement. Les mesures nécessaires sont déjà prises », affirmait le chef du gouvernement devant le patronat sénégalais en août 2025.
Cette orientation majeure pour garantir la souveraineté énergetique du pays, marque un tournant historique pour le Sénégal. Les nouvelles autorités ont pris la décision de s’appuyer désormais sur les propres gisements gaziers pour réaliser une économie annuelle estimée à 140 milliards de francs CFA et amorcer une baisse durable du coût de l’énergie pour les ménages comme pour les entreprises.
Une vision énergétique alignée sur la transformation nationale
Ce changement de cap s’inscrit pleinement dans la Vision Sénégal 2050 – Agenda national de transformation, qui place la souveraineté énergétique au cœur de la compétitivité économique. Ce cadre stratégique ambitionne de produire l’intégralité de l’électricité nationale à partir de ressources locales – gaz, vent, soleil et eau – et de la proposer à un tarif qui se situerait autour de 60 FCFA le kWh au lieu de 117FCFA actuellement . Un véritable pari dont la finalité est d’offrir une énergie abordable afin de soutenir l’industrialisation et stimuler la création d’emplois dans les filières productives.
Le Premier ministre a d’ailleurs dénoncé le coût actuel de l’électricité au Sénégal qui est de 91,84 FCFA/kWh en haute tension, contre 72 FCFA en Côte d’Ivoire le qualifiant d’« inadmissible » pour un pays en pleine dynamique de développement. En misant sur le gaz local, l’exécutif veut rompre avec une dépendance coûteuse et bâtir une économie plus compétitive..
Le ministre de l’Énergie, du Pétrole et des Mines, Birame Soulèye Diop, a confirmé cette nouvelle orientation en annonçant une baisse prévisionnelle du prix du kilowattheure, qui passerait de 117 F CFA à environ 60 F CFA.Une baisse attendue après la mise en œuvre de réformes structurelles dans le secteur de l’énergie, précise le ministre.
Cette réduction, fruit des réformes structurelles engagées dans le secteur énergétique, traduit la volonté du gouvernement de rendre l’électricité plus accessible, tout en soutenant la compétitivité des entreprises locales.
SAR 2.0 : le moteur de la souveraineté énergétique
Pour concrétiser cette ambition, le gouvernement mise sur des projets structurants, au premier rang desquels le projet SAR 2.0. Porté par la Société Africaine de Raffinage (SAR), ce programme de grande envergure prévoit la construction d’un deuxième site de raffinage d’ici 2028, capable de faire passer la capacité nationale de 1,5 million à 5 millions de tonnes par an.
Avec un coût estimé à 5 milliards de dollars — soit environ 3000 milliards de francs CFA —, le projet vise à raffiner l’ensemble du brut extrait du champ pétrolier de Sangomar. À terme, il permettra non seulement d’assurer la souveraineté énergétique du Sénégal, mais aussi d’alimenter le marché sous-régional. Le chiffre d’affaires de la SAR devrait tripler, passant de 1000 à 3000 milliards de francs CFA, tandis qu’un partenariat stratégique avec l’APIX approfondit les études pour garantir la réussite du projet.
A terme, SAR 2.0 sera le pilier industriel de la nouvelle politique énergétique, celui qui doit soutenir la production, réduire les importations et positionner le Sénégal comme acteur régional majeur dans le raffinage et la distribution des produits pétroliers.
Un pari économique et social à concrétiser
Au-delà des chiffres, cette transition énergétique représente une promesse de mieux-être pour les ménages. Une baisse du coût de l’électricité signifiera des factures moins salées, comme c’est le cas depuis plusieurs années, un pouvoir d’achat renforcé et une meilleure inclusion énergétique. Pour les entreprises, ce virage se traduit par une réduction des charges de production, donc une hausse de la compétitivité.
Toutefois, la réussite de cette réforme dépendra de la capacité du gouvernement à assurer la cohérence de toute la chaîne énergétique : production, transport, stockage, distribution et régulation. La Vision 2050 des nouvelles autorités appelle à une gouvernance rigoureuse et à un renforcement des partenariats publics-privés pour transformer les intentions en résultats concrets.
Par Cheikh Gora DIOP


