Le Premier ministre Ousmane Sonko a présidé, lundi, le conseil interministériel consacré à la relance du Groupe La Poste, au Building administratif Mamadou Dia. Réunissant tous les acteurs, cette rencontre a permis de dresser un certain nombre de stratégies pour la survie de la structure publique.
« Aucun État ne doit laisser périr une structure aussi importante que la Poste », a affirmé le Premier ministre, Ousmane Sonko, rappelant son ancienneté et son importance en tant que structure publique. Il présidait, lundi, au Building administratif Mamadou Dia, le conseil interministériel consacré à la relance du Groupe La Poste.
Depuis plus d’une décennie, le Groupe La Poste traverse une crise systémique qui menace son rôle d’opérateur public de référence dans les services postaux, financiers et logistiques.
« Héritière de l’Office des Postes et Télécommunications, la Société nationale La Poste, avec ses filiales Postefinances et Ems Sénégal, a progressivement perdu de sa vitalité, sous l’effet conjugué d’une gouvernance défaillante, d’une concurrence accrue insuffisamment régulée, d’une modernisation insuffisante et d’un déséquilibre financier devenu chronique », a souligné le Premier ministre.
Cette situation, a-t-il poursuivi, compromet aujourd’hui non seulement sa mission d’inclusion et de cohésion nationale, mais également sa pérennité.
Ces maux qui gangrènent La Poste
Le Groupe La Poste traverse une crise systémique qui menace son existence. La crise est due à plusieurs facteurs. Il s’agit notamment d’une « mauvaise gouvernance », d’une « concurrence accrue », d’une modernisation insuffisante, d’un « déséquilibre financier chronique ».
Entre 2012 et 2025, le nombre d’employés de La Poste a augmenté de près de 60 %, passant de 2 600 agents à plus de 4 100, tandis que le chiffre d’affaires a diminué de 26 %. À la fin de 2024, le Groupe La Poste avait des pertes cumulées de plus de 100 milliards de FCFA et un endettement critique.
De plus, les dépôts des comptes clients présentaient un déficit de plus de 9 milliards de FCFA. Les filiales, Postefinances et EMS Sénégal, ont également souffert de cette crise, avec des capitaux propres négatifs pour Postefinances et une perte de marchés stratégiques pour EMS Sénégal.
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De profondes défaillances de gouvernance ont été relevées, notamment l’absence de contrôle externe pendant plus de 15 ans et la non-publication des états financiers entre 2013 et 2019. Sur le plan opérationnel, plus de 80 % du parc automobile est hors d’usage, et depuis octobre 2022, l’État prend en charge le paiement des salaires des agents.
Le Groupe La Poste possède cependant un patrimoine foncier stratégique, estimé à près de 150 sites, qui pourrait être une source de financement significative pour sa recapitalisation et sa modernisation.
Orientations stratégiques et mesures
Le Conseil a établi une vision stratégique pour faire de La Poste un outil d’inclusion économique, sociale, numérique et financière. Cette stratégie s’articule autour de quatre axes : une offre de services rénovée et innovante.
Mais aussi, une crédibilité restaurée grâce à une gouvernance renforcée et des capacités financières et opérationnelles restaurées et une transformation digitale réussie ; une régulation plus efficace. Pour concrétiser cette vision, un calendrier a été établi, divisé en deux phases.
Un redressement en vue de septembre 2025 à décembre 2025
Des mesures spécifiques sont prévues, incluant la recapitalisation du groupe, la modernisation de la gouvernance, la rationalisation des effectifs via un plan de départs négociés, et l’apurement des dettes fiscales et sociales.
Le gouvernement demande également à la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC) de décaisser 5 milliards de FCFA pour permettre à Postefinances de faire face aux retraits des épargnes.
Une relance prévue entre septembre 2025 et décembre 2029
Les mesures de cette phase visent à valoriser le patrimoine immobilier de La Poste et son potentiel de télécommunication, à renforcer les services d’EMS Sénégal, à mettre en place un service national de messagerie électronique, et à créer une Banque postale d’ici 2029.
Il est également prévu que l’administration publique utilise en priorité les services de La Poste et que la régulation soit renforcée pour protéger son domaine réservé. La création d’une Banque postale devrait permettre d’élargir les services financiers et de renforcer l’inclusion bancaire.