En attendant le démarrage officiel de la campagne de commercialisation prévu avant la fin du mois de novembre, comme annoncé par le chef de l’État en conseil des ministres, l’heure est au bilan des productions agricoles. Entre productions en hausse, record pour certaines spéculations, la satisfaction est le sentiment le mieux partagé, même si beaucoup attendent impatiemment la fixation du prix de l’arachide au producteur.
« Urgence de prendre toutes les dispositions techniques, administratives et financières en vue du lancement, avant la fin du mois de novembre 2025, de la campagne de commercialisation agricole ». C’est l’une des instructions fortes du président de la République en conseil des ministres du 12 novembre 2025.
Pour Bassirou Diomaye Diakhar Faye, la campagne de commercialisation agricole reste un moment fort de la vie économique et sociale nationale. D’où la nécessité de prendre les dispositions nécessaires pour son lancement, avant la fin du mois de novembre 2025. En amont, des dispositions importantes ont été prises pour une campagne réussie.
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Dans sa volonté affichée de corriger les fragilités structurelles du secteur agricole, le gouvernement a organisé un conseil interministériel qui a permis de jeter les bases de l’actuelle campagne. L’enveloppe de 120 milliards de FCFA et la revalorisation du prix plancher de l’arachide ont permis de booster un secteur en panne de performances.
Le diagnostic a permis de déceler plusieurs manquements. Rendements instables de l’arachide, déficit d’infrastructures de stockage, commercialisation mal structurée, pénurie de matériel motorisé, sols appauvris, manque de moyens dans les services agricoles ou encore absence de mécanismes de régulation pour les produits vivriers…
Les défis sont importants. Et il fallait prendre le taureau par les cornes. Le gouvernement du Sénégal l’a compris. C’est le sens du conseil interministériel sur la campagne agricole tenu en avril 2025. Il a été décidé, par exemple, à l’issue de la rencontre, que le ministère des Finances apure les arriérés dus aux opérateurs privés, structure le financement du secteur avec les banques et soutienne l’acquisition d’intrants essentiels.
Le ministère de l’Agriculture est chargé d’assurer la disponibilité des semences certifiées, d’approvisionner le pays en engrais avant le 15 mai et de lancer une campagne nationale de fertilisation pour restaurer les sols. La digitalisation de la distribution des intrants sera poursuivie dans les départements pilotes de Tivaouane et Nioro. Parallèlement, les interprofessions devront obtenir une reconnaissance formelle afin de renforcer l’organisation des filières.
Approche par filière et recherche
Dans sa volonté de mieux organiser la distribution des intrants subventionnés, les autorités ont décidé de mettre en place un dispositif de 1000 jeunes volontaires ruraux. Dans cette dynamique, l’État a lancé la phase pilote du programme « Allo Tracteur », conçu en partenariat avec le secteur privé. Le système de récépissé d’entrepôt a également été optimisé pour améliorer l’accès au crédit, en plus d’une large campagne de sensibilisation à l’assurance agricole dans les zones les plus exposées aux aléas climatiques.
Mais la grande nouveauté, c’est sans nul doute les mesures par filière. Pour le maïs par exemple, les autorités ont choisi d’accélérer la diffusion des semences hybrides et de sécuriser la commercialisation, notamment via un protocole avec les industriels. Pour les filières horticoles, l’État a décidé de mieux planifier leur production, tout en les dotant d’infrastructures de stockage adaptées.
Pour la banane, les mesures ont concerné les travaux de protection contre les inondations, de mesures phytosanitaires renforcées et d’un soutien accru pour atteindre l’autosuffisance. Pour l’anacarde, l’État a décidé de réguler les exportations pour encourager la transformation locale. Les mêmes mesures ont été étendues au riz, au niébé, au mil, au sorgho et au blé.
Pour une meilleure efficacité de son intervention, l’État a décidé de renforcer la mécanisation, de développer des contrats-programmes afin de sécuriser les revenus des producteurs. Dans un contexte marqué par le changement climatique, la recherche agricole est plus que jamais interpelée.
C’est pourquoi le gouvernement mise fortement sur la recherche agricole et la reconstitution du capital semencier, notamment pour l’arachide. C’est tout le sens du plan d’actions élaboré pour restaurer pleinement les capacités de l’Institut sénégalais de recherches agricoles (Isra).
Par Oumar Fédior

