Le directeur général de l’Institut sénégalais de recherches agricoles (Isra), Dr Moustapha Gueye, a effectué mardi une visite de terrain dans la zone nord. Cette tournée s’inscrit dans le cadre de la campagne de contre-saison, en vue d’assurer la disponibilité de semences de qualité pour l’hivernage 2025.
Accompagné d’une forte délégation de chercheurs et de partenaires, Dr Gueye a visité les parcelles de production de semences d’arachide de la station de Ndiol, ainsi que les cultures de riz et de blé de la station de Fanaye, dans le département de Podor. Le directeur général de l’ISRA s’est réjoui des bons rendements observés : « Nous attendons près de 60 tonnes de semences de pré-base et 10 tonnes de base », a-t-il déclaré, saluant des résultats « très intéressants ».
Il a précisé que cette dynamique s’inscrit dans une stratégie décennale de reconstitution du capital semencier national, conduite sous l’égide du ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Élevage. L’ISRA s’est ainsi engagé à produire environ 400 tonnes de semences par an, dont un tiers consacré à l’arachide.
Pour la région de Saint-Louis, 61 tonnes ont déjà été obtenues dans le cadre de cette première campagne, avec un objectif global de 100 tonnes à l’échelle nationale. « Si cette dynamique se poursuit, notamment avec l’appui du secteur privé et le renforcement des capacités des stations de recherche, l’ambition est d’atteindre, d’ici 2027, des niveaux de couverture très satisfaisants pour les besoins en semences », a ajouté Dr Gueye.
Pour cette campagne, l’Institut a innové en impliquant davantage le secteur privé. « Avant, on pensait que c’était à l’État de tout faire. Mais aujourd’hui, nous comprenons qu’il y a de la place pour tout le monde », a-t-il expliqué. Des partenariats ont ainsi été noués, notamment avec Swami Agri, qui a travaillé sur 100 hectares avec six variétés de semences, avec des résultats jugés très encourageants.
« Un autre partenariat significatif a été établi avec la Société Culture Légumière (SL), qui a cultivé pas moins de 3 000 hectares en collaboration avec les services publics. D’autres partenaires opérant dans des régions comme Thiès et Bambey sont également en cours d’intégration dans le dispositif », a-t-il poursuivi.
L’objectif de l’ISRA est de construire un écosystème semencier pérenne, à travers le renforcement de la chaîne de valeur, de la semence pré-base jusqu’aux semences certifiées. « Le problème n’est pas ce que l’État peut produire, mais comment assurer une continuité dans la chaîne, en passant par les bases. Il ne doit pas y avoir de rupture », a souligné le directeur général, insistant sur l’importance d’un modèle basé sur la co-responsabilisation des acteurs publics et privés.
Selon lui, ce modèle pourrait permettre au Sénégal, d’ici deux à trois ans, d’atteindre l’autosuffisance en semences pour les principales spéculations agricoles.
Jeanne Sagna (Correspondante)