Avec plus de 70 % des réserves pétrolières et gazières du continent, la façade atlantique représente un espace stratégique central dans les recompositions géoéconomiques et géopolitiques contemporaines.
« Vers des chaînes de valeur intégrées pour une Afrique atlantique émergente ». Tel est le thème central du séminaire international co-organisé, hier, lundi 21 juillet 2025, par le Sénégal et le royaume chérifien à la résidence de l’ambassade du Maroc à Dakar. Intervenant sur le sous-thème : « Diagnostic géoéconomique et enjeux de l’Afrique atlantique », l’économiste sénégalais Moubarack Lô a souligné que la façade atlantique, qui regroupe 23 pays riverains de l’océan Atlantique, « émerge progressivement comme un espace stratégique de premier plan dans les recompositions géoéconomiques et géopolitiques actuelles ». Il a soutenu que cette façade maritime est particulièrement riche en ressources naturelles, concentrant plus de 70 % des réserves pétrolières et gazières du continent. À cela s’ajoutent des ressources minières, telles que la bauxite en Guinée, le manganèse au Gabon ou encore le fer en Côte d’Ivoire.
En plus de ses atouts naturels, cette partie côtière de l’Afrique bénéficie d’une position géostratégique propice à l’intégration régionale et au développement d’une économie bleue. Cependant, a déploré M. Lô, cette dynamique reste entravée par des fragilités structurelles : « faiblesse des chaînes de valeur régionales, industrialisation insuffisante, dépendance aux exportations de matières premières, insécurité maritime, discontinuités logistiques et fragmentation institutionnelle ». Selon l’expert, l’un des principaux obstacles à l’intégration économique africaine réside dans les coûts logistiques élevés, lesquels représentent en moyenne 40 à 60 % du coût final des produits échangés à l’échelle intra-africaine, soit près du double de la moyenne mondiale. À son avis, le corridor Tanger–Lagos a vocation à fluidifier les échanges régionaux en réduisant les délais de transport et les formalités douanières aux frontières.
Il permettrait également de désenclaver les territoires de l’hinterland ouest-africain, en particulier les zones enclavées du Mali, du Burkina Faso et du Niger, lesquelles pourraient ainsi accéder plus efficacement aux ports atlantiques. Ce corridor vise aussi à favoriser la mobilité humaine et les échanges de services, dans une logique conforme à la libre circulation prônée par la Cedeao et la Zlecaf. « Ce corridor, souligne Moubarack Lô, permettrait une réduction moyenne de 30 % des temps de transit entre le nord et le sud du littoral atlantique ouest-africain et créerait des bassins logistiques régionaux autour des grandes métropoles portuaires comme Tanger, Abidjan et Lagos, selon une logique d’effet réseau logistique ».
Ibrahima KANDÉ