Mercredi dernier, au deuxième jour de sa visite officielle à Washington, le Président de la République, Bassirou Diomaye Faye, a été reçu à la Chambre de commerce des États-Unis, la plus influente organisation patronale au monde.
Le chef de l’État y a présenté une vision ambitieuse et souverainiste du développement économique du pays, fondée sur l’investissement productif, la coopération équitable et la création d’emplois durables. Un message qui semble avoir été bien perçu par ses hôtes. Si la rencontre avec l’ancien président Donald Trump a été la plus médiatisée, celle avec la Chambre de commerce américaine, bien que moins évoquée, est certainement celle dont les retombées s’annoncent les plus prometteuses. Pour le président Faye, il s’agissait d’une étape clé de sa visite de travail, consacrée au renforcement de la diplomatie économique sénégalaise et à l’ouverture de nouveaux canaux d’investissement avec les États-Unis. Accueilli au siège de cette institution consulaire, il a de nouveau exposé sa vision ambitieuse et souverainiste du développement, fondée sur l’investissement productif, la coopération équitable et la création d’emplois durables.
C’est à l’occasion d’une table ronde de haut niveau, réunissant une trentaine de dirigeants de groupes américains de premier plan, que le président Faye a déroulé les grandes lignes de sa stratégie économique. Il a rappelé que le secteur privé constitue un moteur de croissance et de création de richesse, à condition de bénéficier d’un cadre réglementaire incitatif et sécurisé. « Le Sénégal est un pays stable, démocratique, avec une gouvernance que nous rendrons toujours plus transparente pour attirer des investissements à fort impact », a-t-il affirmé dans son discours. Il a ainsi annoncé une série de réformes en cours, notamment la révision des codes des investissements, des douanes et des impôts, destinées à éliminer les lenteurs administratives et à améliorer le climat des affaires.
Cap sur des partenariats stratégiques dans les secteurs clés Porté par une volonté de transformation structurelle, le chef de l’État a mis en avant plusieurs secteurs prioritaires dans lesquels le Sénégal offre des opportunités d’investissement majeures : énergie et transition énergétique, agro-industrie et sécurité alimentaire, infrastructures durables, économie numérique et innovation, exploitation maîtrisée des ressources naturelles – notamment le gaz et le pétrole. À ce titre, il a évoqué les projets en cours avec la société américaine Kosmos Energy, partenaire sur le champ gazier Grand Tortue Ahmeyim, partagé avec la Mauritanie, ainsi que sur le développement du champ Yakaar-Teranga, actuellement en quête d’un troisième partenaire.
Il a également invité les entreprises américaines à explorer les blocs pétroliers encore disponibles, ainsi que les ressources minières stratégiques du pays : fer, or, zircon, phosphate, ou encore uranium. Insistant sur la nécessité de « dépasser le paradigme de l’aide », le président Faye a clairement exprimé sa volonté de bâtir des relations économiques fondées sur la réciprocité et l’intérêt mutuel. Il s’est ainsi inscrit dans la doctrine américaine du « Trade, not Aid » (du commerce plutôt que de l’aide), souvent reprise par le président Trump. « Vous avez l’expertise et les moyens, nous avons les opportunités. Faisons un deal ! Travaillons ensemble dans un partenariat gagnant-gagnant », a lancé le président, dans un ton résolument pragmatique.
Publication d’un guide d’investissement entièrement dédié au Sénégal
Cette vision a été bien accueillie par les représentants du secteur privé américain, séduits par la clarté du cap sénégalais. Dans la foulée, la Chambre de commerce américaine a annoncé la prochaine publication d’un guide d’investissement entièrement dédié au Sénégal – un outil conçu pour faciliter l’entrée de capitaux américains sur le marché sénégalais. En marge de la table ronde, le président Faye a également rencontré Christopher Landau, Secrétaire d’État adjoint et président du conseil d’administration de la U.S. International Development Finance Corporation (Dfc), principal levier financier du gouvernement américain pour soutenir le développement international.
M. Landau a salué l’approche sénégalaise, fondée sur la stabilité, la transparence et l’inclusion économique, et a réaffirmé l’engagement de la Dfc à accompagner les projets sénégalais à fort impact social et économique. Tous ces efforts s’inscrivent dans la feuille de route du gouvernement sénégalais, déclinée à travers le plan stratégique 2024-2035 et le plan quinquennal 2025-2029, qui constituent les instruments de mise en œuvre de la Vision Sénégal 2050. Cette dernière vise à faire du Sénégal un pôle économique de référence en Afrique de l’Ouest, tout en préservant sa souveraineté économique. « Le Sénégal est prêt à parler d’égal à égal avec ses partenaires », a insisté le président, invitant les entreprises américaines à participer au prochain Forum Invest in Senegal, prévu les 7 et 8 octobre 2025 à Dakar.
Elhadji Ibrahima THIAM